Voyage Coronavirus: la Colombie en confinement «obligatoire» dès la semaine prochaine

La Colombie passera en confinement obligatoire à partir de mardi soir pour près de trois semaines, afin d'enrayer la propagation du nouveau coronavirus Covid-19, qui y a jusqu'à présent contaminé plus de 150 personnes.

«Dans le cadre de l'état d'urgence, nous appliquerons un isolement préventif obligatoire pour tous les Colombiens à partir de mardi prochain 24 mars à 23h59 (04h59 GMT) jusqu'au lundi 13 avril à 00h00», a déclaré vendredi soir le président Ivan Duque dans une adresse à la nation, alors que près de la moitié du pays est déjà en simulation d'isolement jusqu'à lundi inclus.

«Cette décision ne suspend pas, ni ne modifie en aucune manière les simulations d'isolement préventif en cours» à Bogota et dans plusieurs départements, a-t-il souligné.

La Colombie, où l'état d'urgence a été décrété en début de semaine, assorti de mesures d'aides économiques d'un montant de 15 milliards de dollars, comptait vendredi soir 158 cas confirmés depuis le 6 mars, sans décès.

- Mesure «pour la vie» -

«Il s'agit d'une mesure pour la santé et pour la vie. Nous savons que cela exige beaucoup de nous tous et cela a donc été une décision réfléchie et structurée avec l'aide d'experts. Et ce sont des mesures aussi pour protéger les plus vulnérables», a ajouté le chef de l'Etat, qui s'est soumis à un test du Covid-19 dont le résultat a été négatif.

Près de 25 millions des quelque 48 millions d'habitants de Colombie sont depuis vendredi et pour quatre jours en confinement surveillé à travers le pays, un exercice visant à tester un tel dispositif.

«C'est la première fois en Colombie, en coordination entre la présidence et les élus locaux, que près de 20 millions de Colombiens seront (...) en simulation de quarantaine», a déclaré à la radio W la maire de Bogota, Claudia Lopez, à l'origine de l'initiative.

A cette mesure s'ajoute le confinement obligatoire des plus de 70 ans dans tout le pays, également depuis ce vendredi et jusqu'au 31 mai, sur ordre du gouvernement.

Une attention sanitaire à domicile, notamment pour les personnes âgées défavorisées, est garantie par les autorités. «Mais je suis sûr que certains ne pourront respecter la quarantaine», a estimé Luis Carlos Reyes, de l'Observatoire fiscal de l'université Javeriana à Bogota.

- Frontières fermées -

«Il y a un manque de protection préoccupant du fait de l'absence d'un véritable Etat providence», a déclaré cet expert à l'AFP.

La Colombie est le pays le plus inégalitaire de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). L'économie informelle y est de 47%.

Outre la capitale de sept millions d'habitants, les départements du Cundinamarca, où se trouve Bogota, du Meta, du Boyaca, de Santander (centre), ainsi que l'Antioquia (nord-ouest) et le Valle del Cauca (ouest) sont en simulation de confinement jusqu'à lundi inclus, qui est férié.

«C'est le moment opportun, avant que nous ayons une contagion massive, une urgence majeure», a estimé Mme Lopez.

La Colombie s'est peu à peu blindée ces derniers jours contre la propagation du virus, dont les premiers cas ont été détectés chez des voyageurs arrivés d'Europe.

M. Duque a ainsi ordonné la fermeture des frontières terrestres, fluviales et maritimes, puis l'interdiction des vols internationaux de l'étranger à partir de lundi.

Il avait auparavant décrété le 11 mars l'auto-isolement obligatoire pour 14 jours des voyageurs en provenance d'autres pays.

- Amendes et peines de prison -

Depuis, plus de 60 ressortissants étrangers ont été sanctionnés, voire expulsés dont trois Russes vendredi, et deux Colombiens interpellés pour ne pas avoir respecté cette mesure, selon les services de migration.

Le président a aussi décrété la suspension des cours en présentiel de l'enseignement public, des événements rassemblant du monde, ainsi que la fermeture des bars et discothèques.

Vendredi soir, la mairie de Bogota a fait état de 224 sanctions pour non-respect du décret de simulation de confinement, allant d'amendes à des peines de prison.

Avant le début de cet exercice, des embouteillages s'étaient formés jeudi aux sorties de Bogota. Il est à prévoir qu'ils soient également importants mardi, jour de trêve qui permettra notamment les retours.

«(Ma famille) avait peur que je reste à Bogota, que je ne fasse pas attention et sorte dans la rue», a déclaré à l'AFP Parmenio Vinasco, 83 ans, réfugié dans la maison de campagne d'un proche à Peñalisa, non loin de la capitale. Il a estimé que le gouvernement avait trop tardé à «prendre des mesures plus drastiques» contre la pandémie.