ChineFonte dramatique sur le «troisième pôle de la planète»
AP
9.11.2018
Un bruit assourdissant retentit dans le brouillard qui plane au-dessus du glacier Baishui no 1. Un morceau de roche glisse sur la glace et passe devant le géologue Chen Yanjun, qui pianote sur son appareil GPS. D'autres blocs se détachent du colosse de glace. Selon les scientifiques, c'est l'un des glaciers à la fonte la plus rapide du monde. «Nous ne devrions pas rester là», déclare Chen, 30 ans. «La sécurité avant tout.»
Chen traverse un paysage aride qui était autrefois enfoui sous le glacier. Aujourd'hui, ce terrain rocheux est jonché de bouteilles d'oxygène. Elles ont été abandonnées là par des touristes qui ont visité la masse de glace située au sud de la Chine, à 4750 mètres d'altitude.
La beauté glacée du Baishui attire chaque année des millions de curieux. Le géant de glace se situe à l'extrémité sud-est de ce que l'on appelle le troisième pôle de la Terre. Après l'Antarctique et le Groenland, cette région d'Asie centrale abrite la troisième plus grosse masse glaciaire de la planète. Elle s'étend sur environ 1000 kilomètres carrés.
Les glaciers du troisième pôle revêtent une importance vitale pour des milliards de personnes, du Vietnam à l'Afghanistan. Les dix plus grands fleuves d'Asie, dont le fleuve Bleu, le fleuve Jaune, le Mékong et le Gange, sont alimentés par les eaux des fontes saisonnières.
Des répercussions dramatiques déjà observables
«Il s'agit de l'une des principales sources d'eau douce du monde», explique Ashley Johnson, responsable du programme énergétique auprès du National Bureau of Asian Research, un groupe de réflexion américain. «À cause de la fonte, une grande partie de l'eau douce quitte la région en direction de la mer, ce qui aura de graves conséquences pour la sécurité aquatique et alimentaire.»
En raison du changement climatique, il fait aujourd'hui un degré de plus qu'avant l'industrialisation. D'après un nouveau rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), cela pourrait conduire à la fonte de 28 à 44 pour cent des glaciers que compte notre planète. Et les températures risquent encore d'augmenter.
Déjà aujourd'hui, les conséquences pour le glacier Baishui sont dramatiques. D'après des scientifiques, le glacier a perdu près de 60 pour cent de sa masse et reculé de 250 mètres depuis 1982.
En 2015, des chercheurs ont rapporté que 82 pour cent des glaciers observés en Chine avaient fondu, ce qui risquait d'avoir des conséquences de plus en plus graves pour les ressources aquatiques de la République populaire.
«La Chine a toujours eu un problème d'approvisionnement en eau potable, car elle abrite 20 pour cent de la population mondiale, mais ne dispose que de sept pour cent de l'eau douce disponible à l'échelle mondiale», explique Jonna Nyman, professeure de sécurité énergétique à l'Université de Sheffield. «Les conséquences du changement climatique ne font qu'aggraver le problème.» Dans le massif du Yulong Xue Shan, dans la province chinoise du Yunnan, cela fait déjà plusieurs années que des scientifiques observent des modifications dues au réchauffement climatique.
Ces dix dernières années, une équipe de chercheurs a constaté que le Baishui reculait chaque année d'environ 27 mètres. Des fleurs comme le lotus des neiges ont pris racine sur place, comme l'explique Wang Shijin, glaciologue et directeur de la station de recherche du Yulong, qui fait partie d'un réseau de l'Académie chinoise des sciences.
La station, située dans une banlieue de la ville de Lijiang, qui compte 1,2 million d'habitants, sert de lieu de vie à Wang et ses collaborateurs: le géologue et opérateur de drones Chen, la doctorante en glaciologie Zhou Lanyue et l'ingénieur électricien Zhang Xing. Après le déjeuner, l'équipe part pour sa mission du jour en minibus. Un téléphérique transporte les chercheurs tout en haut du massif du Yulong Xue Shan, avec sa vue majestueuse.
L'équipe passe devant une file de touristes. Bon nombre des vacanciers sont vêtus de ponchos rouges. Tandis que la plupart se cramponnent à leurs bouteilles d'oxygène, beaucoup d'autres vomissent à cause du mal des montagnes.
Les collaborateurs de Wang commencent par remplacer une station météorologique défectueuse. Les chercheurs y recueillent des données sur la température, la vitesse du vent, les précipitations et l'humidité de l'air. D'autres capteurs mesurent le courant des fleuves alimentés par les eaux de fonte.
Le lendemain, les membres de l'équipe ont équipé leurs chaussures de crampons pour réparer le reste des capteurs. Leur équipement ne cesse d'être endommagé par le froid, la pluie, les tempêtes, les chutes de pierres et les mouvements du glacier.
Limitation à 10'000 visiteurs par jour
«Précisément là où nous nous trouvons, tout était encore couvert de glace en 2008», explique Wang. «D'ici à là-bas sur le côté, le glacier a reculé de 20 à 30 mètres environ. Ce n'est pas rien.» Un quart de la glace ainsi que quatre des 19 glaciers de la zone ont disparu.
Les modifications subies par le glacier Baishui permettent de sensibiliser les visiteurs au changement climatique, comme l'explique Wang. D'après des données officielles, 2,6 millions de touristes ont visité la masse glaciaire l'année dernière. Pour protéger le glacier, les autorités ont limité le nombre de visiteurs à 10'000 par jour et ont interdit la pratique de l'escalade. En outre, pour ralentir le phénomène de fonte, elles veulent augmenter l'humidité de l'air en utilisant de la neige artificielle et en construisant des barrages.
Le gardien Yang Shaofeng a assisté de ses propres yeux au recul de cette masse de glace, que son peuple, la minorité chinoise des Naxis, considère comme sacrée. Il se souvient encore qu'auparavant, il pouvait voir le bord inférieur du glacier depuis son village natal. Cette époque est malheureusement révolue.
«Aujourd'hui, nous ne pouvons plus le voir que lorsque nous prenons de la hauteur», explique Yang avec tristesse. À côté de lui, des touristes font la file pour faire graver leur nom sur un médaillon orné de la photo du glacier. Une image qui n'existe malheureusement plus aujourd'hui.
Une vague de 193 mètres de haut: un phénomène qui pourrait se reproduire
Une vague de 193 mètres de haut: un phénomène qui pourrait se reproduire
Cette petite péninsule est située à la sortie du fjord Taan. Le tsunami du 17 octobre 2015 l’a submergée en grande partie, rasant la quasi-totalité des arbres.
Photo: Chris Larsen / Geophysical Institute of the University of Alaska Fairbanks
Le Mont Saint-Elias surplombant le fjord Taan, avec le glacier Tyndall et le glissement de terrain au premier plan. Après l’éboulement de 200 millions de tonnes de pierres, un tsunami s’est formé et a traversé la baie à une vitesse atteignant jusqu’à 100 km/h.
Photo: dpa
Juché sur un promontoire formé par le glissement de terrain, le Dr. Bretwood Higman, chef de l’équipe de recherche, examine la situation.
Photo: dpa
Le tsunami a provoqué une vague de 193 mètres de haut. Ces arbres mesurant 30 mètres de haut ont plié comme des allumettes sous le poids de la vague.
Photo: dpa
Des pierres rejetées sur terre depuis le fjord sur deux mètres d’épaisseur.
Photo: dpa
La force de la vague a catapulté des pierres comme des boulets de canon dans les troncs d’arbres.
Photo: dpa
Un vestige du glissement de terrain. Les scientifiques sont presque certains que le tsunami est une conséquence du changement climatique. Alors que l’élément déclencheur est probablement un petit tremblement de terre, le réchauffement de la planète est responsable de la fonte extrême du glacier Tyndall et de son incapacité à stabiliser les pentes des montagnes.
Photo: dpa
Le glacier Tyndall a reculé de 17 kilomètres depuis les années 60. En 1991, la langue du glacier s’était amincie de 400 mètres.
Photo: dpa
Les scientifiques mettent aujourd’hui en garde contre les dangers qu’un tel événement pourrait causer à l’avenir dans des zones habitées.
Photo: dpa
L'impact du changement climatique sur les villes suisses
L'impact du changement climatique sur les villes suisses
Depuis 2000, Bâle enregistre 8,4 jours de chaleur par an. Une journée est considérée comme chaude si la température moyenne est clairement supérieure aux températures habituellement observées dans la région en question, écrit «Spiegel Online». À Bâle, une journée est considérée comme chaude si les températures enregistrées dépassent les 22 degrés Celsius en moyenne sur 24 heures. Depuis le changement de millénaire, la température annuelle moyenne a augmenté de 0,8 degré par rapport au 20e siècle.
Photo: Keystone
Depuis 2000, la ville de Bâle connaît beaucoup moins de jours de gel en hiver: leur nombre est passé de 39 à 33,4 par an.
Photo: Keystone
La ville suisse à avoir connu la plus importante augmentation de sa température annuelle moyenne depuis 2000 n'est autre que Genève: elle a vu sa température augmenter de 0,9 degré Celsius par rapport à la moyenne du 20e siècle. Le nombre de jours de chaleur (plus de 23 degrés Celsius en moyenne sur 24 heures) est passé de 2,5 par an au 20e siècle à 9,2 aujourd'hui.
Photo: Keystone
À Genève, le nombre de jours de gel par an est passé de 29,8 au 20e siècle à 24,3 depuis 2000.
Photo: Keystone
À Lausanne, la température moyenne a augmenté de 0,7 degré Celsius depuis 2000. Depuis le changement de millénaire, le plateau vaudois connaît 6,0 journées de chaleur (plus de 21 degrés Celsius en moyenne sur 24 heures) par an, un chiffre qui s'élevait à 1,8 auparavant.
Photo: Keystone
À Lausanne, les hivers sont plus doux: le nombre de jours de gel est passé de 56,2 à 51,3 par an en moyenne.
Photo: Keystone
La température annuelle moyenne à Saint-Gall est passée de 5,0 degrés Celsius au 20e siècle à 5,8 degrés Celsius depuis 2000. Le canton connaît en moyenne 6,5 jours de chaleur (plus de 19 degrés Celsius en moyenne sur 24 heures) par an, un chiffre qui s'élevait à 1,5 auparavant.
Photo: Keystone
Depuis le changement de millénaire, l'hiver s'accompagne de près d'une semaine de gel en moins en Suisse orientale: au 20e siècle, la région enregistrait encore 80,1 jours de gel par an. Elle n'en enregistre désormais plus que 73,6.
Photo: Keystone
Au 20e siècle, Winterthour n'a pas connu une seule journée complète de chaleur (plus de 21 degrés Celsius en moyenne sur 24 heures): depuis le changement de millénaire, le nombre de jours de chaleur est passé de 0,8 à 4,1. La température moyenne a augmenté de 0,8 degré Celsius.
Photo: Keystone
À Winterthour, les adeptes des promenades dans la neige ont désormais droit à près d'une semaine de réjouissances en moins: le nombre de jours de gel est passé de 61,3 à 54,6 par an.
Photo: Keystone
La ville de Zurich doit désormais faire face à près de six jours de chaleur (plus de 21 degrés Celsius en moyenne sur 24 heures) en plus par an (de 2,3 à 8,6) et à une température moyenne plus élevée (+ 0,8 degré Celsius).
Photo: Keystone
Il est loin le temps où on voyait encore la fontaine du mémorial Alfred Escher, située devant la gare de Zurich, se figer en hiver: alors qu'au 20e siècle, la ville de Zurich enregistrait encore 47,6 jours de gel par an, depuis 2000, les températures ne descendent plus en dessous des moins 1 degré Celsius (moyenne calculée en moyenne sur 24 heures) que 41,2 jours par an.
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