Birmanie Birmanie: tensions à Rangoun où la police disperse une manifestation

ATS

26.2.2021 - 11:21

La police birmane s'est déployée vendredi à la mi-journée autour des carrefours clés de Rangoun pour disperser des centaines de manifestants anti-coup d'État. Ces derniers étaient rassemblés pour demander le retour de la démocratie et la libération d'Aung San Suu Kyi.

Des nonnes boudhistes portent le portrait d'Aung Saa Suu Kyi à Mandalay.
Des nonnes boudhistes portent le portrait d'Aung Saa Suu Kyi à Mandalay.
ATS

La Birmanie est traversée par une vague de colère qui a vu jusqu'à des centaines de milliers de manifestants dans la rue quotidiennement contre la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat du 1er février.

Dans certaines villes, la police et l'armée ont usé de la force, mais à Rangoun, les autorités ont fait preuve de retenue jusqu'ici, se contentant de présence et de barricades à plusieurs points stratégiques de la capitale économique du pays.

Vendredi, la police anti-émeute a avancé sur les manifestants, pour la plupart assis et scandant des slogans pro-démocratie, pour les sommer de se disperser.

Reporter japonais arrêté

Au moins deux personnes ont été arrêtées, dont un reporter japonais indépendant Hiroki Kitazumi, et la police a dégagé la principale artère, obligeant les manifestants et les journalistes à se déporter dans les rues secondaires.

Selon des témoins de la scène, le journaliste «a été frappé à la tête avec une matraque, mais il portait un casque», a publié son assistant Linn Nyan Htun sur Facebook, ajoutant qu'il était en contact avec l'ambassade du Japon.

Un policier a nié que Hiroki Kitazumi ait été battu, mais a confirmé que le journaliste avait été détenu dans un poste de police local et serait libéré après avoir déposé sa déclaration.

Barrières et barbelé

Près du carrefour Myaynigone, un quartier résidentiel, les manifestants ont érigé des barrières avec des tables et du barbelé pour empêcher les policiers de les arrêter.

Casques de sécurité sur la tête, les manifestants scandaient: «L'échec de la dictature est notre cause, notre cause!», un refrain chanté lors des rassemblements anti-junte.

Près d'un autre carrefour en centre-ville, Hledan, les manifestants s'éloignaient de l'artère principale en courant alors que la police se rapprochait d'eux lentement et alignés.

«Si vous ne le faites pas, nous devrons vous disperser par la force!», a annoncé la police par mégaphone. Une fois la circulation rétablie, certains automobilistes lançaient le salut à trois doigts, un symbole de résistance.

Militants pro armée

Aucun blessé n'a été rapporté, mais la tension à Rangoun est vive depuis jeudi, quand un rassemblement pro militaire a été toléré dans une zone du centre-ville habituellement interdite aux manifestants.

Des affrontements entre habitants pro démocratie et militants pro armée munis de bâtons, de lance-pierres et certains de couteaux, avaient alors éclatés.

Jeudi soir, Tamwe, un quartier de Rangoun a vu des soldats et des policiers se rassembler pour mettre fin à une petite manifestation contre un responsable municipal nommé par la junte.

Selon le journal d'État Mirror Daily vendredi, les autorités ont déployé des grenades assourdissantes et tiré à balles réelles en l'air pour disperser les manifestants. Vingt-trois personnes «seront confrontées à des actions conformément à la loi», est-il écrit dans l'organe officiel.

Quatre morts

Depuis le coup d'Etat, quatre personnes ont trouvé la mort lors de manifestations, une autre est décédée au cours d'une patrouille nocturne, tandis que l'armée a signalé de son côté qu'au moins un policier avait été tué. Par ailleurs, plus de 720 personnes ont été arrêtées.

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ATS