Brexit Passe d'armes entre Johnson et Corbyn

ATS

31.10.2019 - 21:13

«Boris Johnson a passé des mois à promettre que nous sortirions de l'UE aujourd'hui. Son incapacité à le faire relève de sa seule et unique responsabilité», a déclaré Jeremy Corbyn sur Twitter.
«Boris Johnson a passé des mois à promettre que nous sortirions de l'UE aujourd'hui. Son incapacité à le faire relève de sa seule et unique responsabilité», a déclaré Jeremy Corbyn sur Twitter.
Source: KEYSTONE/AP PA/VICTORIA JONES

Le Brexit n'a pas eu lieu jeudi? Pas ma faute! s'est défendu en substance Boris Johnson. Il a rendu l'opposition travailliste responsable de son échec à le mettre en oeuvre en ouvrant la campagne pour les élections anticipées du 12 décembre.

Arrivé au pouvoir en juillet en promettant que la sortie de l'Union européenne aurait lieu «coûte que coûte» le 31 octobre, le Premier ministre avait juré qu'il préférait être «mort au fond d'un fossé» plutôt que demander un nouvel ajournement.

Mais il a dû entre-temps manger son chapeau et demander aux Européens un report jusqu'au 31 janvier, son accord de divorce négocié avec Bruxelles n'ayant pas passé l'épreuve du Parlement.

«Aujourd'hui aurait dû être le jour où le Brexit était réalisé et où nous aurions enfin quitté l'UE», a relevé Boris Johnson avant de visiter une école, un hôpital et un poste de police, indiquant ainsi clairement sur quels thèmes va porter sa campagne pour ces législatives, les troisièmes en quatre ans.

La faute à Corbyn

Si le Brexit ne s'est finalement pas fait, ce n'est pas sa faute, mais celle de Jeremy Corbyn, chef des travaillistes, principale formation de l'opposition, a assuré le Premier ministre. Ce dernier craint à présent de perdre les voix des électeurs pro-Brexit pour promesse non tenue.

«Malgré l'excellent nouvel accord que j'ai conclu avec l'UE, Jeremy Corbyn s'est opposé à ce que cela puisse arriver, préférant plus d'indécision, plus de report et plus d'incertitude pour les familles et les entreprises», a ajouté le chef de gouvernement conservateur.

Presque immédiatement après son accession à la tête de l'exécutif il y a 100 jours, Boris Johnson a engagé une guerre ouverte avec les députés, qu'il oppose au «peuple» dont il se veut le représentant.

«C'est clairement le Parlement qui a échoué à réaliser le Brexit», a abondé dans la même veine le ministre des Transports, Grant Shapps, jeudi sur la BBC. Boris Johnson «a fait absolument tout ce qui est en son pouvoir pour que le Parlement entende raison», a-t-il poursuivi, «mais le fait est que le Parlement a fait en sorte que cela n'arrive pas».

Corbyn contre-attaque

Ces accusations d'entrave au Brexit ont été balayées par Jeremy Corbyn. Il a moqué le dirigeant conservateur dans son discours marquant le lancement de sa campagne à Londres. «Il a dit qu'il préférait être mort dans un fossé que de reporter (...), mais il a échoué et son échec relève de sa seule responsabilité. On ne peut pas se fier à sa parole».

Le travailliste s'est engagé à résoudre le casse-tête du Brexit «en six mois» s'il accède au pouvoir, en négociant «immédiatement» un nouvel accord de divorce «raisonnable» avec Bruxelles, avant de le soumettre à un référendum qui proposerait aussi la possibilité de rester dans l'UE. «Le gouvernement travailliste mettra à exécution ce que le peuple décidera», a promis M. Corbyn, refusant toujours de lever le voile sur sa propre préférence.

Mais plutôt que d'insister longuement sur la sortie de l'UE dans son discours, Jeremy Corbyn s'est positionné en défenseur du peuple face aux «élites», après des années d'austérité conservatrice, abordant surtout des thèmes de politique intérieure comme la santé, la protection sociale ou l'éducation.

Eradiquer la pauvreté

Dans son viseur, les «fraudeurs fiscaux», les «propriétaires peu scrupuleux», les «mauvais patrons» et les «grands pollueurs». Il s'est engagé à éradiquer la pauvreté, rendre le logement abordable, supprimer les frais d'inscription universitaires, nationaliser les services publics ou initier une «révolution industrielle verte» pour lutter contre le réchauffement climatique. «Le vrai changement arrive», a-t-il assuré devant les militants, évoquant «une occasion unique de transformer» le Royaume-Uni.

Boris Johnson avait estimé mercredi que le programme des travaillistes engendrerait une «catastrophe économique», promettant lui-même d'investir «massivement» dans les services publics.

Alors que la campagne électorale démarre tambour battant, le parti libéral-démocrate, europhile, a présenté son slogan jeudi: «Arrêter le Brexit». Près de 60 députés ont par ailleurs annoncé qu'ils n'affronteraient plus les urnes aux prochaines élections, dont bon nombre de conservateurs modérés. Parmi eux, la ministre Nicky Morgan, qui impute notamment sa décision aux insultes et menaces qu'elle reçoit dans le cadre de ses fonctions.

Aux Etats-Unis, le président Donald Trump s'est invité dans la campagne électorale britannique en critiquant l'accord de sortie de l'UE négocié par Boris Johnson, qu'il souhaiterait voir s'allier avec les partisans d'un Brexit dur. Sur les ondes de la radio britannique LBC, il a jugé que l'accord négocié ne permettait pas de conclure «d'accord commercial avec le Royaume-Uni».

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