Etats-Unis Vingt morts dans une fusillade au Texas

ATS

4.8.2019 - 05:45

Un terroriste a semé la mort samedi dans une zone commerciale d'El Paso, dans le sud des Etats-Unis, où il a abattu 20 personnes venues faire leurs courses en ce premier jour de week-end. Il a été placé en garde à vue. La police soupçonne un crime à caractère raciste.

La fusillade, survenue aux abords d'un hypermarché Walmart prisé de la communauté hispanique, a également fait 26 blessés, dont certains se trouvaient dans la soirée dans un état critique. La police a placé en garde à vue un homme blanc de 21 ans et enquête sur un possible motif «haineux».

Aux Etats-Unis, ce qualificatif désigne les attaques dirigées contre une personne ciblée en raison de certaines caractéristiques comme la couleur, l'origine ou la religion. Un manifeste, attribué au tireur, circule sur internet. Ce texte dénonce notamment «une invasion hispanique du Texas» et fait référence à la tuerie commise par un suprémaciste blanc dans des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande (51 morts, le 15 mars).

Ville frontalière de 680'000 habitants faisant face à la métropole mexicaine de Ciudad Juarez, El Paso compte une population à 80% hispanique, selon des statistiques de 2018. Trois Mexicains ont été tués dans la fusillade qui a semé la panique dans la zone commerciale, et la consternation aux Etats-Unis.

«Trump attise le racisme»

Le président Donald Trump, qui a suivi la situation depuis sa résidence du New Jersey (nord-est), a dénoncé une fusillade «tragique» et «un acte lâche». «Il n'y aura jamais de raisons ou excuses pour justifier le meurtre de personnes innocentes», a-t-il encore tweeté, en adressant ses «prières et pensées» à la population du Texas.

Le candidat à la primaire démocrate Beto O'Rourke, originaire d'El Paso dont il a jusqu'à récemment été le représentant au Congrès, a accusé Donald Trump d'encourager le racisme aux Etats-Unis.

«Nous assistons à une augmentation des crimes haineux chaque année depuis trois ans, sous une administration dont le président traite les Mexicains de violeurs et de criminels», a-t-il dénoncé après avoir rendu visite aux victimes dans un hôpital d'El Paso. «Trump est un raciste et il attise le racisme dans ce pays», a-t-il accusé.

«Il tirait sur les gens»

Certains médias ont identifié le tireur comme étant originaire d'Allen, près de Dallas, à neuf heures de voiture d'El Paso, et s'est rendu à la police après le massacre. Sur une capture d'écran de caméra de surveillance, mise en ligne par la chaîne locale KTSM, on le voit entrer dans l'hypermarché armé d'un fusil, les oreilles couvertes d'un casque anti-bruit.

Le magasin venait de mettre en vente des fournitures scolaires avant la rentrée. Selon la police, entre 1000 et 3000 clients s'y pressaient pour faire leurs courses au moment du drame. Vanessa Saenz, 37 ans, venue avec son fils de un an et sa mère, en faisait partie. Elle a expliqué sur Fox News avoir vu «un homme avec un T-shirt noir et un pantalon camouflage qui portait ce qui m'a semblé être un fusil. Il visait les gens et tirait directement sur eux. J'en ai vu trois ou quatre tomber à terre», a-t-elle poursuivi.

Des vidéos amateurs montrent des scènes de panique, avec des clients qui courent pour se mettre à l'abri, et des corps inanimés au sol. Robert Curado a expliqué au journal El Paso Times s'être caché avec sa mère entre deux distributeurs à l'entrée du Walmart. «L'homme a essayé de me tirer de dessus mais il m'a raté car j'ai plongé», a-t-il raconté, en assurant avoir reconnu un fusil d'assaut AK-47.

Une fois le tireur arrêté, les clients sont peu à peu sortis de leurs cachettes, les mains en l'air pour éviter toute méprise. Les forces de l'ordre ont ensuite ratissé les commerces pour s'assurer qu'il n'y avait pas un autre tueur.

Dons de sang et veillée

«Vingt innocents ont perdu la vie», a regretté le gouverneur de cet immense Etat, Greg Abbott, lors d'une conférence de presse, en appelant la population d'El Paso à «se réunir», toutes origines confondues, pour surmonter cette «catastrophe».

Sans attendre, les habitants de cette ville située à la frontière du Mexique ont répondu massivement à un appel à donner leur sang pour les blessés, transférés dans plusieurs hôpitaux de la ville. Selon les médias, ils sont âgés de 2 à 82 ans.

Plusieurs veillées en mémoire des victimes devaient également se tenir dans la soirée, notamment dans des églises.

Plus d'armes que d'habitants

Les Etats-Unis, où il y a plus d'armes à feu que d'habitants, sont régulièrement endeuillés par des fusillades qui touchent aussi bien les écoles que les lieux de culte, de fête ou de travail ou les commerces. La tuerie d'El Paso est la 249e depuis le début de l'année ayant touché quatre personnes ou plus, selon l'ONG Gun violence archives

Comme après chaque bain de sang, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer une meilleure régulation du marché des armes à feu.

«Il est grand temps d'agir et de mettre un terme à cette épidémie de violences liée aux armes», a tweeté le favori de la course à la primaire démocrate Joe Biden, en ajoutant avoir «le coeur brisé» face à la tragédie d'El Paso. «L'Amérique est attaquée par un terrorisme intérieur de nationalistes blancs», a dénoncé un de ses rivals, le maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg.

Le ministre de la Justice Bill Barr a promis de traduire rapidement en justice le responsable du massacre.

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