Coronavirus Covid: manifs en Suisse alémanique

ATS

10.5.2020 - 15:39

Dans quatre villes alémaniques, des centaines de personnes ont manifesté samedi contre les restrictions imposées en raison du coronavirus: à Berne et St-Gall, des douzaines d'entre elles ont été dénoncées. En Suisse romande, personne n'est descendu dans la rue.

A Zurich, Bâle, Berne ou St-Gall, des Helvètes ont manifesté leur impatience de revenir à la normalité. Invoquant l'interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes en raison de la pandémie, la police a amendé des douzaines de manifestants dans ces deux dernières villes.

En Suisse romande, la rue est restée silencieuse. «Ici, presque tout le monde a un ami ou un parent qui a été malade ou qui est mort du Covid-19, rappelle le médecin et éthicien Bertrand Kiefer.

A Berne, des centaines d'entre eux se sont donné rendez-vous sur la Place fédérale et la Bärenplatz, avec parmi elles de nombreuses personnes à risque, des familles et des enfants.

«D'un point de vue épidémiologique, cela me fait mal, a déclaré le directeur de la police Reto Nause. Les gens se sont donné l'accolade et n'ont pas du tout respecté les règles. Un tel comportement est propice à répandre le virus. Samedi passé, la police avait déjà dispersé un rassemblement non autorisé sur la Place fédérale».

Police huée à Berne

La police, renonçant à une action musclée, a appelé les manifestants à se disperser tout en en contrôlant quelques-uns. Ces appels ont été accueillis par des concerts de sifflets et de huées. Les manifestants estiment que les restrictions imposées en raison du coronavirus violent leurs droits fondamentaux. «Il y aura des dénonciations», selon le directeur de la police.

«Je pense que cela exprime l'angoisse que toute l'économie se retrouve par terre, a poursuivi Bertrand Kiefer. Mais il faut rappeler sans cesse que dans les pays où rien n'a été entrepris, l'économie est également durement touchée, et sans doute encore davantage. Et ce ne sont pas les mesures que l'on a prises pour se protéger du virus qui sont en cause, mais la pandémie elle-même.»

Moins nombreux à Zurich, Bâle et St-Gall, entre 80 et 200 manifestants se sont également réunis samedi pour réclamer une levée des mesures d'urgence. A Bâle, les petits groupes se tenaient à distance sanitaire les uns des autres.

Simples protestaires ?

Pour Bertand Kiefer, c'est difficile de savoir si ces gens sont de simples protestaires, parce qu'ils trouvent que les mesures sont allées trop loin. «Ou sont-ils des libertaires à l'américaine? Ou des complotistes qui pensent qu'on leur ment?» se demande-t-il.

«En Suisse, la population a accepté de suivre les mesures pour se protéger de l'épidémie plus ou moins librement. On est loin du flicage à la française en tous les cas. La liberté, c'est quelque chose de très délicat, mais qui ne peut exister que dans un respect démocratique. Je ne dis pas que ces manifestants ne le font pas. Je dis que le danger, c'est la dislocation de la société.»

Les chiffres parlent

Les chiffres entre les régions sont sans appel. Le nombre de personnes contaminées passe de un à dix selon le canton: ainsi 95 personnes sont infectées en moyenne pour 100'000 habitants à Schaffhouse, contre 1000 à Genève.

En Appenzell Rhodes-Intérieures, aucun mort n'est à déplorer, contre 389 dans le canton de Vaud. Au total, on recensait dimanche 961 décès dans les six cantons romands, soit plus de la moitié des 1830 décès dans toute la Suisse, selon un décompte des cantons.

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