«Vivre avec le virus» «Parfois, j’ai l’impression d’être dans un film de zombies»

Anna Kappeler

16.4.2020

«Je désinfecte le volant et mes mains une deuxième fois – mieux vaut prévenir que guérir», confie Fritz Haenni, chauffeur de bus.
«Je désinfecte le volant et mes mains une deuxième fois – mieux vaut prévenir que guérir», confie Fritz Haenni, chauffeur de bus.
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Le coronavirus impose à tout le monde un nouveau quotidien. Mais comment se vit cette nouvelle vie? Dans sa série, «Bluewin» donne chaque jour la parole à une personne différente pendant une semaine. Commençons avec un chauffeur de bus.

«Je travaille à 100% comme chauffeur de bus à Fribourg pour les Transports publics fribourgeois (TPF). Comment c’est? Non, ce n’est pas agréable de travailler pendant cette crise de m**** . Mais heureusement, mon travail m’oblige à sortir de chez moi et à discuter. Je suis quelqu’un de sociable.

Maintenant, il ne faut pas se méprendre: le Conseil fédéral a absolument raison de dire à tous ceux qui le peuvent de rester à la maison.

Les services de nuit sont particulièrement spéciaux. Parfois, tard le soir, quand je traverse la ville de Fribourg déserte, j’ai l’impression d’être dans un film de zombies. C’est vraiment bizarre.

A propos

Fritz Haenni est chauffeur de bus à Fribourg pour les Transports publics fribourgeois (TPF). Agé de 57 ans, il est également président de section du Syndicat du personnel des transports (SEV).

Je suis content que la porte avant du bus demeure fermée et que la première rangée de sièges derrière moi reste vide. Grâce aux barrières supplémentaires faites avec des bandes de marquage, il n’y a jamais eu d’incident avec des clients qui ne voulaient pas garder leurs distances. Je ne vends plus non plus de billets dans le bus. J’ouvre toutes les portes arrière à chaque arrêt. Ces mesures de sécurité me suffisent. De toute façon, il n’y a plus que cinq à dix personnes dans le bus.

Je désinfecte une deuxième fois – mieux vaut prévenir que guérir

Avant chaque changement de chauffeur, l’ensemble de l’espace réservé aux chauffeurs est désinfecté à l’arrivée du bus à la gare ou dans les grands dépôts. C’est une bonne chose. Mais je désinfecte une nouvelle fois le volant et mes mains à chaque début de service. Mieux vaut prévenir que guérir.

En revanche, j’ai du mal à garder mes distances avec mes collègues pendant la pause café. Il faut balayer devant sa porte. Mon volant désinfecté ne sert à rien si j’ai touché auparavant la machine à café comme tous les autres ou si je me suis assis trop près d’un collègue.

Les chauffeurs appartenant aux groupes à risque ne travaillent plus

Cela fait longtemps que tous les chauffeurs appartenant aux groupes à risque restent chez eux. Ce sont par exemple des personnes atteintes de diabète, d’hypertension ou d’un cancer. Heureusement, ils continuent de percevoir 100% de leur salaire.

Une pénurie de chauffeurs? Non, pour le moment, ce n’est pas dramatique. Mais parfois, les chauffeurs en repos doivent faire des remplacements. C’est supportable puisque tous les bus ne circulent que dans la cadence dite «samedi plus» pendant la semaine, soit beaucoup moins fréquemment.

Beaucoup plus de boulot que d’habitude

Et pourtant, en ce moment, conduire un autobus ressemble presque à un loisir. Outre mon métier de chauffeur, je suis également président de la section TPF du Syndicat du personnel des transports (SEV). En tant que syndicaliste, c’est incroyablement rude – j’ai beaucoup plus de boulot que d’habitude.

«Beaucoup ont peur. Cela ne concerne même pas le coronavirus en premier lieu, mais leur existence.»

Pourquoi? Eh bien parce que je suis le premier interlocuteur des chauffeurs qui ont des questions. Beaucoup ont peur. Cela ne concerne même pas le coronavirus en premier lieu, mais leur existence. Les travailleurs à temps partiel ou les chauffeurs remplaçants, en particulier, craignent de perdre leur emploi. Ils comptent sur cette rentrée d’argent sans laquelle la situation deviendrait très vite précaire.

Parfois, j’ai juste besoin de déconnecter

Le coronavirus pose également problème chez nous, forcément. Ma compagne tient un salon de coiffure et emploie sept personnes. Son salon dépend de l’aide d’urgence de la Confédération, sans laquelle elle n’aurait pas pu le garder et payer les salaires des employés. Ainsi, grâce aux nouvelles mesures, la situation en privé s’est également considérablement apaisée.

Je me tiens constamment informé de l’évolution de la situation au sujet du virus. Mais parfois, j’ai juste besoin de déconnecter. Sinon, ça devient malsain.»


Série «Vivre avec le virus»

Comment tourne la Suisse en temps de coronavirus? Pendant une semaine, «Bluewin» donne chaque jour la parole à une personne différente dans une série d’articles consacrée à leur nouveau quotidien. Ces personnes ont des professions complètement différentes pour que vous puissiez avoir un aperçu multiple de diverses vies.


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