Guanziroli au tribunal Dix femmes victimes d’abus à Zurich: le violeur gardé en détention?

de Silvana Guanziroli

26.8.2019

L’auteur des faits s’est introduit au domicile de ses victimes et, armé d’un couteau, a forcé les femmes à avoir des relations sexuelles.
L’auteur des faits s’est introduit au domicile de ses victimes et, armé d’un couteau, a forcé les femmes à avoir des relations sexuelles.
Keystone

Il s’est introduit au domicile de ses victimes et a brutalement violé certaines d’entre elles. Une expertise atteste que 15 ans plus tard, l’auteur des faits présente un grand risque de rechute. Sera-t-il néanmoins libéré après une «courte» détention?

L’affaire a suscité l’effroi parmi les Zurichoises entre 2004 et 2005. Pendant des mois, un inconnu s’est introduit dans des habitations par la fenêtre ouverte. Il a surpris les femmes endormies, les a menacées avec un couteau et les a forcées à avoir des relations sexuelles. Dans un cas, il a violé une mère à côté de sa fille de deux ans.

En août 2005, la police a fini par mettre la main sur l’auteur des faits. Il avait déjà agressé dix femmes à ce moment-là. Cet homme est un Pakistanais qui était entré en Suisse en 2003 et travaillait comme plongeur. Lors du procès qui s’est déroulé en 2007, la procureure en charge de l’affaire a décrit «un être humain sans discernement et incorrigible comme on en voit rarement et qui ne souhaite qu’une chose: du sexe.» Et elle a formulé une mise en garde: «La société doit être protégée contre l’accusé.»

La durée maximale prévue par la loi est atteinte

Douze ans plus tard, l’homme désormais âgé de 34 ans occupe de nouveau la justice zurichoise. Depuis cinq ans, il fait l’objet d’une mesure d’hospitalisation à la clinique de psychiatrie légale de Rheinau (canton de Zurich).

La section sécurisée de la clinique de psychiatrie légale de Rheinau (canton de Zurich).
La section sécurisée de la clinique de psychiatrie légale de Rheinau (canton de Zurich).
Keystone

Mais la loi ne prévoit qu’une durée de cinq ans pour cette «courte» détention. Et cette durée maximale est désormais atteinte. Le tribunal doit donc décider si l’homme doit rester dans un établissement fermé ou s’il peut quitter la clinique. L’Office de l’exécution judiciaire du canton de Zurich a déposé une demande de prolongation, sur laquelle le tribunal de district de Zurich doit statuer lundi.

A l’origine, l’auteur des faits a été condamné en 2008 à onze ans de prison pour viols et agressions sexuelles multiples. Le tribunal a initialement ordonné une thérapie ambulatoire. Au cours de sa détention, l’état de santé du plongeur s’est tellement détérioré qu’une mesure d’hospitalisation s’est ensuivie en 2014. Les médecins de la clinique ont même décidé de procéder à un traitement par électrochocs en 2017. Et pourtant, même cette solution radicale n’a eu aucun effet significatif, comme le précise la requête de l'Office de l’exécution judiciaire à laquelle «Bluewin» a eu accès.

Une experte évoque un cas de schizophrénie paranoïde

Dans une nouvelle expertise, l’experte psychiatre en charge de l’affaire conclut que l’homme souffre de schizophrénie paranoïde. Un trouble mental auquel elle attribue une relation étroite avec les faits. De plus, dans la mesure où le détenu ne prend complètement ses médicaments que s’il fait l’objet d’une surveillance étroite, elle recommande vivement une prolongation de la mesure.

Les personnes se trouvant dans la section sécurisée de la clinique ne peuvent accéder à l’air libre qu’en étant accompagnées.
Les personnes se trouvant dans la section sécurisée de la clinique ne peuvent accéder à l’air libre qu’en étant accompagnées.
Keystone

En l’absence de traitement, l’experte psychiatre part du principe qu’il existe «un risque très élevé» que l’homme «se manifeste à nouveau avec des crimes sexuels pouvant aller jusqu’à des viols sous la menace d’une arme, des actes de violence et des violations de domicile».

Le destin de l’homme de 34 ans est maintenant entre les mains du tribunal de district. Si la mesure d’hospitalisation et la peine privative de liberté prennent fin, il devrait alors être expulsé immédiatement vers son Pakistan natal.

Silvana Guanziroli, rédactrice pour «Bluewin», est accréditée auprès des tribunaux zurichois en tant que correspondante judiciaire. Dans sa série «Guanziroli au tribunal», elle écrit au sujet des affaires pénales les plus passionnantes, identifie des affaires criminelles insolites et s’entretient avec des experts au sujet du rôle de la justice. Diplômée de l’école de police de la police cantonale de Zurich, Silvana Guanziroli officie depuis plus de 20 ans en tant que journaliste d’actualité. silvana.guanziroli@swisscom.com.
Silvana Guanziroli, rédactrice pour «Bluewin», est accréditée auprès des tribunaux zurichois en tant que correspondante judiciaire. Dans sa série «Guanziroli au tribunal», elle écrit au sujet des affaires pénales les plus passionnantes, identifie des affaires criminelles insolites et s’entretient avec des experts au sujet du rôle de la justice. Diplômée de l’école de police de la police cantonale de Zurich, Silvana Guanziroli officie depuis plus de 20 ans en tant que journaliste d’actualité. silvana.guanziroli@swisscom.com.

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