Finances publiques Genève vote son budget déficitaire

ATS

13.12.2019 - 19:35

Le Grand Conseil genevois a voté vendredi soir le budget d'Etat 2020 qui présente un déficit de 584,5 millions de francs (archives).
Le Grand Conseil genevois a voté vendredi soir le budget d'Etat 2020 qui présente un déficit de 584,5 millions de francs (archives).
Source: KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI

Le Grand Conseil genevois a voté vendredi, après plus de seize heures de débat, le budget d'Etat 2020 largement déficitaire. Aucun poste supplémentaire n'a été accepté par la majorité composée de la droite et du MCG.

Ce budget rouge vif est passé par 54 voix (PLR, PDC, MCG et 3 UDC) contre 44 (PS, Verts, Ensemble à Gauche et 5 UDC). Ces fronts sont restés figés. Il fallait au minimum 51 députés pour voter ce budget qui présente un déficit de 584,5 millions pour des charges de 9,13 milliards et des revenus de 8,54 milliards. Les investissements nets atteignent 699 millions.

Aucun groupe n'est satisfait. Pour la gauche, ce budget nie les besoins de la population tout en augmentant les inégalités sociales. La droite en appelle à des réformes structurelles tout en dénonçant l'absence d'arbitrage de l'exécutif. Une critique que rejette la Grande Argentière Nathalie Fontanet: «Nous en avons fait, mais ils n'ont pas convenu à la majorité de circonstance».

Déjà ficelé en commission des finances, le projet de budget n'a au final subi aucune modification majeure en plénière. Les quelque 250 amendements présentés par la gauche et le Conseil d'Etat ont quasiment tous été refusés. Seules deux modifications ont passé, permettant de rétablir des subventions au Club Suisse de la presse et à deux associations.

Souffrance

Les treize politiques publiques ont toutes été acceptées, même si certaines ont suscité de vifs débats, à l'instar de la sécurité. La gauche a notamment défendu des moyens supplémentaires pour la police et la détention alors que c'est habituellement la droite qui soutient cette politique publique.

La gauche, qui déplore une augmentation de la précarité dans le canton, a aussi tenté de donner des moyens supplémentaires à la santé et au social, dont de nombreux services sont en souffrance. Mais la droite et le MCG ont plaidé pour la restructuration des services plutôt que pour de nouveaux postes.

Projets abandonnés

Le chef du Département de la cohésion sociale, Thierry Apothéloz, a affirmé que sans postes supplémentaires, il y aurait des retards dans la délivrance de certaines prestations. Celui du Département de la santé, Mauro Poggia, a cité les projets qui vont passer à la trappe, dont les maisons de santé.

Pour rappel, l'Entente et le MCG se sont mis d'accord en commission des finances pour biffer 412 postes supplémentaires prévus par le gouvernement et diminuer de 24 millions les dépenses générales. Le Conseil d'Etat a fustigé leur incohérence.

Des tensions

Les tensions entre la majorité et le Conseil d'Etat étaient visibles. Jeudi soir, les députés ont donné le ton en refusant, contre l'avis de l'exécutif, de suspendre l'annuité des fonctionnaires. Maintenir cette progression salariale coûte 53 millions de francs.

Le gouvernement comptait sur la suppression de l'annuité pour sauver les 412 postes supplémentaires indispensables à ses yeux pour le fonctionnement de l'Etat. Nathalie Fontanet a déjà annoncé qu'il faudra passer par des demandes de crédits supplémentaires dès le mois de janvier 2020.

Parmi les postes supplémentaires demandés mais biffés en commission figurent notamment 196 postes pour le Département de l'instruction publique, 31 pour la police de proximité, 26 pour l'internalisation de convoyage de détenus,15 pour le Service de protection de l'adulte, sept pour le service des prestations complémentaires et huit pour le service de l'assurance-maladie.

Charges contraintes

La situation financière du canton est inquiétante, selon le Conseil d'Etat. Le budget 2020 est plombé par des charges contraintes liées à des votes populaires (réforme de la caisse de pension, contre-projet pour les subsides d'assurance-maladie et réforme de l'imposition des entreprises) et du paiement de l'annuité 2016.

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