A ses débuts Pourquoi Toni Brunner se comportait «comme un petit écolier»?

D'Anna Kappele

14.12.2019

Le nouveau parlement n’a jamais été aussi jeune – et entend travailler de manière conjointe et non partisane. Et avant cela? Toni Brunner (UDC), le plus jeune conseiller national jamais élu, avait 21 ans lorsque faute de camarades du même âge, il sortait «avec des gens de 50 ou 60 ans».

Avoir moins de 30 ans et siéger au Conseil national, c’est rare. Tellement rare que le chiffre sept est déjà un record. Le parlement n’a jamais été aussi jeune qu’aujourd’hui. Le taux de représentation des moins de 30 ans au Conseil national a grimpé à 3,5%.

On compte actuellement les nouveaux venus Meret Schneider (Verts), Franziska Ryser (Verts), Andri Silberschmidt (PLR) et Tamara Funiciello (PS) ainsi que des anciens Fabian Molina (PS), Mike Egger (UDC) et Samira Marti (PS).

D’après Meret Schneider, ils forment un groupe de jeunes nouvellement élus. «Le but: élaborer dès la première semaine des positions communes et non partisanes pour les affaires portées à l’ordre du jour», comme l’a expliqué Meret Schneider le premier jour de la session.

Les anciens Samira Marti (PS) et Mike Egger (UDC) ont montré que ce n’étaient pas que des paroles en l’air. Ainsi, dans le cadre d’une initiative conjointe, ils réclament l’interdiction de la publicité pour les caisses d’assurance maladie et l’instauration d’un plafond salarial pour leurs CEO.

Trois autres parlementaires de moins de 30 ans – Andri Silberschmidt, Franziska Ryser et Mike Egger – ont créé un groupe de travail politique non partisan. «Nous, les jeunes, voulons montrer que nous sommes différents des anciens», a affirmé Andri Silberschmidt au «St. Galler Tagblatt». A 25 ans, Andri Silberschmidt est actuellement le plus jeune parlementaire.

«On a fait preuve de bienveillance à mon égard»

Mais les «anciens» ont aussi été jeunes un jour. Toni Brunner, président de l’UDC pendant de nombreuses années, porte le titre de plus jeune conseiller national jamais élu. Il est devenu conseiller national à seulement 21 ans en 1995.

«Le premier jour a été spécial: en tant que jeune agriculteur, j’ai été plongé dans un environnement complètement nouveau. Je n’avais aucune expérience au parlement, mais on a fait preuve de bienveillance à mon égard», raconte Toni Brunner au téléphone depuis sa ferme du Toggenburg. Probablement parce qu’il n’avait pas peur des contacts, explique-t-il.

Pourtant, concède-t-il, il lui a fallu du temps à ses débuts. «Je me comportais comme un petit écolier devant un passage pour piétons: "Attends, regarde, écoute, avance" – et dans mon cas, "parle".»

«Ils auraient pu être mes parents ou mes grands-parents»

Toni Brunner n’avait pas de compagnons de moins de 30 ans. «La personne la plus proche de moi au conseil au niveau de l’âge était Brigitta Gadient, une collègue du parti – elle avait 14 ans de plus que moi. Tous les membres du conseil auraient pu être mes parents ou même mes grands-parents.» Ça ne le dérangeait pas, confie-t-il. «Alors je sortais avec des gens de 50 ou 60 ans. C’était toujours drôle.»

Toni Brunner a connu des cadors de la politique tels que Helmut Hubacher, Franz Steinegger, Peter Bodenmann et Christoph Blocher. «Personne ne faisait de manières, j’ai tout de suite tutoyé quasiment tout le monde.» Pour sa première apparition dans l’émission «Arena», il a affronté le vétéran du PS Helmut Hubacher. «Le sujet était: les jeunes contre les anciens.»

«Devenir doyen à l’âge de 45 ans aurait été étrange»

Si Toni Brunner n’avait pas démissionné fin 2018, il serait devenu ce lundi le plus jeune doyen depuis 1848. Il a siégé au Conseil national pendant 23 ans. «J’aurais trouvé étrange de devenir doyen à l’âge de 45 ans», confie Toni Brunner. En tant que doyen, il aurait présidé la session constituante du parlement au début de cette nouvelle législature et prononcé un discours.

La partenaire de Toni Brunner dans la vie, Esther Friedli, a prêté serment ce lundi en tant que nouvelle conseillère nationale. «J’ai suivi sa prestation de serment depuis chez moi sur mon téléphone portable. C’est dommage qu’elle ait eu lieu en séance plénière et pas de manière individuelle, comme pour moi.»

Le Palais fédéral ne manque pas à Toni Brunner, qui affirme qu’il n’a pas démissionné pour revenir. «Même si certains ne le croient pas encore aujourd’hui, je ne me présenterai certainement jamais à la succession du conseiller fédéral Ueli Maurer s’il vient à démissionner.»

«Nous avons fait de superbes fêtes»

Quatre ans après l’élection de Toni Brunner, le nombre de parlementaires de moins de 30 ans est passé à deux, puis quatre ans plus tard à cinq. En 2007, un record a été établi avant que ce chiffre ne retombe; ce n’est que lors des élections de 2019 que ce record a été dépassé. Ainsi, en 2007, six jeunes parlementaires siégeaient à la Chambre basse, soit trois pour cent, comme le montrent les chiffres de l’Office fédéral de la statistique (OFS).

«Nous avons fait de superbes fêtes», se souvient Christian Wasserfallen, conseiller national PLR élu pour la première fois en 2007. «Parfois, l’âge rassemble clairement plus que l’appartenance à un parti – surtout en dehors du Conseil. Lorsqu’il a pris ses fonctions, Christian Wasserfallen avait 26 ans. Mais le discours d’ouverture en tant que plus jeune parlementaire lui a été arraché par Lukas Reimann de l’UDC, qui avait quelques mois de moins.

Christian Wasserfallen explique avoir formé «une joyeuse troupe avec Pascale Bruderer (PS), Christa Markwalder (PLR), Evi Allemann (PS), Bastien Girod (Verts), Lukas Reimann (UDC) et Tiana Moser (PVL).» Pascale Bruderer avait 30 ans en 2007 et Christa Markwalder en avait 32, mais elles ont été respectivement été élues en 2002 à 28 ans et en 2003 à 25 ans.

La parlementaire UDC Jasmin Hutter avait également moins de 30 ans en 2007. «Le fait que les jeunes resserrent les liens n’est donc pas nouveau», explique Christian Wasserfallen.

Le club des moins de 35 ans

Le club des moins de 35 ans est une partie intégrante de chaque session et une institution des jeunes parlementaires, qui se réunit chaque dernier jeudi d’une session. «Il a été fondé avec Pascale Bruderer et Christa Markwalder, indique Christian Wasserfallen.

Moins de 35 ans? C’est donc fini depuis longtemps pour les fondatrices et Christian Wasserfallen? Ce dernier indique que non: dans le club des moins de 35 ans, ce n’est pas l’âge qui compte, mais l’âge au moment de l’élection, précise-t-il. «Malin, n’est-ce pas?»

Le parlementaire PS Fabian Molina (29 ans) et son collègue Mike Egger (27 ans) gardent le club des moins de 35 ans en vie. Pour ce qui est de l’âge, il y a une grande tolérance, ajoute Fabian Molina. «Le but est de maintenir également les contacts non partisans dans un cadre informel.» Selon Fabian Molina, plus d’une vingtaine de personnes s’y retrouvent.

L’étiquette de «benjamin»

La membre des Verts Lisa Mazzone fréquente également ces événements du club des moins de 35 ans. Conseillère nationale depuis quatre ans, elle a désormais fait son entrée au Conseil des Etats à seulement 31 ans.

Néanmoins, le titre de plus jeune conseiller aux Etats jamais élu revient à Johanna Gapany pour quelques mois. Ce n’est pas problème pour Lisa Mazzone qui, au contraire, s’en réjouit.

Pourquoi? A l’âge de 27 ans, elle a pris la parole à la Chambre basse en tant que plus jeune parlementaire. Et selon Lisa Mazzone, ce discours inaugural a le grand inconvénient de «coller l’étiquette de "benjamin" sur le front». Mais bien sûr, elle a également considéré cela comme un honneur et l’occasion de se faire connaître dès le premier jour. «Devant 200 responsables politiques, ce n’est pas toujours facile.»

«C’était assez informel»

Les élections d’il y a quatre ans n’ont pas souri aux jeunes. «Quand j’ai été élue au Conseil national en 2015, nous n’étions que trois parlementaires de moins de 30 ans.»

Par pur hasard, Mathias Reynard (PS/canton du Valais), Mattea Meyer (PS/canton de Zurich) et Lisa Mazzone étaient assis à des places très proches. «C’était génial, parce que l’âge nous relie déjà. J’ai fait beaucoup de choses avec Mathias, même en dehors du conseil – deux jeunes Romands, c’était assez informel.» «Heureusement, deux autres parlementaires de moins de 30 ans sont arrivés» au cours de la législature, en l’occurrence Fabian Molina et Samira Marti.

Avec les quatre nouveaux venus, cela donne justement un record.

Les images du jour

Retour à la page d'accueil