Voyage Au Japon, les emblématiques distributeurs de boisson si familiers du paysage urbain pourraient disparaître...

Relaxnews

16.10.2020 - 18:17

Au Japon, on compte un distributeur automatique pour 23 habitants environ
Au Japon, on compte un distributeur automatique pour 23 habitants environ
Source: Relaxnews

Le Japon compte 126,5 millions d'habitants mais aussi... un distributeur automatique pour 23 Japonais. Ces machines imposantes que l'on trouve partout sont des immanquables autant dans la vie quotidienne des «salary men» que dans le circuit des touristes. La crise sanitaire les a rendus moins essentiels au point que les ventes de boissons ont chuté de 35%. L'archipel fourmille d'idées pour ne pas enterrer tout de suite cet incontournable de la culture nippone. 

Au détour d'une rue. A la sortie du métro. Sur le quai du train. Dans une impasse. Ils structurent autant le paysage urbain des villes nippones que les temples shintoïstes. Ils ? Ce sont les distributeurs automatiques de boissons. Mobilier banal en Europe et aux Etats-Unis qui fait souvent les frais de vandalisme, ces machines imposantes de couleur blanche, bleu ou rouge sont partie intégrante de la vie à cent à l'heure des Tokyoïtes qui attrapent un café froid ou chaud, un Coca-Cola ou un saké à la sortie du bureau. Ces grandes boîtes en fer sont bien plus nombreuses que dans des villes occidentales. On compte environ une machine pour 23 par habitant, d'après l'association de fabrication des distributeurs automatiques. Par an, les recettes engrangées s'élèveraient à 60 millions de dollars, soit environ 51 milliards d'euros. 

Jus de fruit au yuzu, boisson énergisante, Fanta au raisin, Minute Maid survitaminé, café chaud sans sucre, café froid hyper sucré, saké, bière... Outre leur population extrêmement dense, les distributeurs automatiques sont emblématiques pour la variété de boissons et de soupes qu'ils proposent. On y trouve un grand nombre d'éditions limitées et de saveurs que les supermarchés ne vendent pas, pas même les commerces de proximité ouverts 24h sur 24, sept jours sur sept – les fameux konbini. Etiquette bleue pour les liquides froids, étiquette rouge pour les boissons chaudes, il suffit d'une pièce de cent yens pour démarrer une collection de canettes ou de petites bouteilles. Pour les touristes, décrypter le contenu d'un distributeur automatique afin de trouver une nouvelle saveur est autant un passage obligé qu'une soirée dans une salle d'arcades nippone. 

La fin d'une époque ? 

Depuis le début de la pandémie, ces marqueurs visibles de la vie japonaise ont fait de la place à de nouveaux produits qui ne rassasient pas du tout. Ils vendent des masques et des lingettes désinfectantes ! Il est très loin le temps où l'on pouvait même acheter un hamburger ou une tasse de soupe aux nouilles. Car, selon des données publiées par Bloomberg, les ventes ont chuté de l'ordre de 35% cette année. D'après des chiffres dévoilés par Inryo Soken, elles ont plongé de 37% rien qu'au mois de mai alors que les magasins de proximité ont limité la casse à 21%. En août dernier, l'effondrement était encore estimé à -13%. Confinés, les Japonais ont été moins nombreux dans les rues et donc à passer devant l'une des nombreuses machines. Les touristes sont aussi aux abonnés absents, compte tenu de la limitation des déplacements, et ne peuvent donc plus «jouer» à trouver les boissons les plus insolites. Alors, la crise annonce-t-elle la fin d'une époque pour cet incontournable du patchwork urbain au Japon ? 

Le mastodonte japonais des boissons DyDo Group Holdings Inc, qui tire plus de 80% de ses revenus de la vente des boissons dans les distributeurs automatiques, a prévu d'investir six milliards de yens l'année prochaine pour mieux faire entrer ce fameux mobilier à l'ère après-Covid. Objectif : les transformer en mini data centers. Une autre idée émerge pour connecter les distributeurs à Internet et les faire évoluer en espace de stockage pour particuliers. Les distributeurs pourraient même devenir des stations météo ou d'alerte aux tremblements de terre.

Toujours est-il que DyDo ne s'est pas empêché, malgré la crise sanitaire, de développer une machine sur laquelle on effectue sa sélection à l'aide du pied grâce à une pédale et non plus en pressant un simple bouton... 

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