«Ils veulent juste prendre des selfies»Tchernobyl craint les nouvelles hordes de touristes
Relaxnews
6.9.2019 - 12:00
Ils prennent des selfies, volent les objets abandonnés sur place... Le succès mondial de la série télévisée «Chernobyl» a amené une nouvelle génération de touristes sur les lieux du pire accident de l'histoire nucléaire, au grand dam des guides locaux.
Saluée par la critique et le public, la mini-série de la chaîne américaine HBO fait revivre les heures tragiques de cette catastrophe qui, après l'explosion d'un réacteur de cette centrale nucléaire soviétique en 1986, avait répandu un nuage radioactif à travers l'Europe.
Aujourd'hui, la zone entourant la centrale dans un rayon de 30 kilomètres dans le nord de l'Ukraine est encore inhabitable mais une petite partie a été ouverte aux touristes.
«Ils veulent juste prendre des selfies»
Ces derniers mois, ceux-ci sont le plus souvent à la recherche des lieux vus dans la série – tournée majoritairement en Lituanie -, regrette un guide officiel du site Ievguen Gontcharenko. «Ils n'ont plus besoin d'informations, ils veulent juste prendre des selfies», ajoute-t-il.
Directeur du Centre publique d'information de Tchernobyl, Oleksandr Syrota assure que certaines agences de voyages vendent désormais la visite à Tchernobyl comme de la «fast food»: une expérience touristique rapide et facile d'accès.
Et la tendance va continuer: en juillet, le nouveau président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé un décret visant à encourager le développement touristique du site.
Il ne connaissait rien de Tchernobyl...
A 27 ans, Louis Carlos ne connaissait rien de Tchernobyl avant de regarder la série d'HBO. C'est elle qui l'a motivé à se rendre en Ukraine, raconte ce touriste brésilien.
«Si des gens viennent ici pour comprendre ce qui s'est passé et essayer d'apprendre, c'est une bonne chose», veut-il croire pendant qu'un ami le prend en photo devant la centrale. «C'est l'Histoire».
«Où sont les mutants?»
Des agences de voyages ukrainiennes ont déjà adapté leur offre pour montrer aux touristes des sites clés de la série tout en proposant des activités supplémentaires, comme du kayak dans les rivières environnant la zone d'exclusion.
Le nombre de touristes n'a toutefois pas attendu la série pour exploser. De 50 000 en 2017, ils étaient 72 000 en 2018 à visiter Tchernobyl. L'association des tour-opérateurs de la région s'attend à ce qu'ils soient 100 000 en 2019.
Ievguen Gontcharenko dit avoir déjà expérimenté des brusques hausses de visiteurs. La première remonte à 2012, après la sortie du film d'horreur américain «Chroniques de Tchernobyl». La seconde date de 2014, quand le site a été intégré au jeu vidéo «Call of Duty 4».
«Parfois, les gens qui venaient grâce au jeu vidéo demandaient sérieusement où il était possible de trouver des mutants», se souvient-il.
«Souvenez-vous s'il vous plaît qu'une terrible tragédie a eu lieu ici...»
Dans les semaines ayant suivi la diffusion de «Chernobyl», au printemps, les critiques ont fusé contre des utilisateurs ayant posté sur internet, tantôt hilares tantôt en sous-vêtements sexy, des photos prises à Pripiat, la ville-fantôme évacuée après l'explosion.
Craig Mazin, le créateur de la série, a dû monter au créneau sur Twitter. «Si vous visitez (Tchernobyl), souvenez-vous s'il vous plaît qu'une terrible tragédie a eu lieu ici. Comportez-vous avec respect pour tous ceux qui ont souffert et se sont sacrifiés».
Souvenirs sur eBay
Iaroslav Iemelianenko, président de l'association des guides de Tchernobyl, préfère penser aux points positifs. Pour lui, Tchernobyl devrait être présenté comme un lieu où l'Ukraine a, malgré tout, réussi à surmonter un tragique accident.
«Il faut le promouvoir, en parler, attirer les gens ici», vante-t-il auprès de l'AFP.
Certains touristes, comme Jan Mavrin, assurent qu'ils sont venus pour rendre hommage à ceux ayant perdu leur vie ici. «Il faut montrer une sorte de respect pour ce genre d'endroits», déclare ce jeune Slovène en prenant une photo de la grande roue abandonnée de Pripiat.
Des objets en souvenirs
«Il faut être modeste, ne pas juste se promener dans les environs en ramassant des trucs», ajoute-t-il.
Car les visiteurs, autant ceux qui empruntent les circuits officiels que les «stalkers» qui entrent illégalement, embarquent régulièrement des objets en souvenirs.
«Même nous, les natifs de Pripiat, nous ne nous autorisons pas à sortir nos propres affaires d'ici», explique Oleksandre Syrota, du Centre d'information. «Nous sommes surpris quand nous les voyons sur eBay».
Il dit «avoir du mal à imaginer» les conséquences du projet gouvernemental pour le développement touristique de Tchernobyl, d'autant que la jauge d'accueil est limitée. «Nous n'avons aucune expérience sur ce que ça peut devenir».
«Le paradis sur une autre planète» – Tchernobyl, ville fantôme
Grâce à un filtre infrarouge, le photographe Vladimir Migutin a réussi à capturer des images impressionnantes de Tchernobyl et des environs: comme cette photo de Duga, le système radar soviétique utilisé pour la détection précoce d’attaques de missiles.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Haute de 26 mètres, la grande roue du parc d’attractions de Pripiat s’est arrêtée de tourner il y a 30 ans.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Sur le chemin du souvenir, des pancartes mentionnent le nom de tous les lieux évacués après la catastrophe nucléaire.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Il n’a vu absolument personne: mais dans la zone d’exclusion, le photographe Vladimir Migutin a croisé la route de nombreux animaux, comme ce renard peu farouche, que les touristes ont surnommé Simon.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Il y a bien longtemps qu’on ne joue plus de musique dans la salle de concert de Pripiat.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Les autos-tamponneuses de la fête foraine se sont également arrêtées pour toujours.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Beauté fatale: les vestiges du réacteur accidenté sont confinés sous ce sarcophage.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
«The Bucket» est le nom de l’énorme pince de l’excavatrice autrefois utilisée sur le site contaminé par la radioactivité.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Un trolleybus en train de rouiller à Pripiat.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Avant la catastrophe nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986, environ 50'000 personnes vivaient à Pripiat. Aujourd’hui, c’est une ville fantôme.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Les cris des enfants dans la piscine de Pripiat ne sont plus qu’un lointain souvenir.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Idem pour le complexe sportif.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
La nature a repris ses droits
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Des papillons virevoltent en toute quiétude, ignorant totalement la tragédie de 1986.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
À l’époque, les familles ont dû quitter la région précipitamment après la catastrophe. Il ne reste plus que des témoins silencieux de l’exode nucléaire.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Vladimir Migutin (32 ans) s’est spécialisé dans la photographie infrarouge, une technique qui permet de faire ressortir les moindres détails.
Photo: Dukas / Vladimir Migutin
Migutin vit en Israël: son voyage dans la zone interdite de Tchernobyl s’est décidé sur un coup de tête.
Au Mexique, un garage qui se transforme en restaurant de tacos
A Mexico, les amateurs de tacos se pressent à El Vilsito, une «taqueria» qui voisine avec un garage. Une paroi à peine sépare les mécaniciens et les cuisiniers.
03.07.2023
Gala du MET: Ceux qui nous ont éblouis sur le tapis rouge
Nous aimons particulièrement regarder le gala du MET, car il n'y a pas d'autre événement où l'on peut voir des tenues aussi extraordinaires. Le thème de cette année? L'âge d'or. Dans notre vidéo, les tenues les plus spectaculaires.
03.05.2022
Les myrtilles, c'est bon pour la tête!
Selon une étude scientifique, une poignée de myrtilles par jour pourrait aider à prévenir la démence.
30.05.2022
Au Mexique, un garage qui se transforme en restaurant de tacos
Gala du MET: Ceux qui nous ont éblouis sur le tapis rouge