Voyage La nouvelle vague du surf brésilien à la conquête du monde

Relaxnews

8.12.2017 - 09:19

Rickson Falcao, 10 ans, surfant une vague sur la plage de Saquarema, près de Rio de Janeiro.
Rickson Falcao, 10 ans, surfant une vague sur la plage de Saquarema, près de Rio de Janeiro.
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Sa planche calée sous le bras, le jeune Brésilien Rickson Falcao fait son signe de croix avant d'entrer dans l'océan.

À 10 ans à peine, son petit corps semble bien frêle pour affronter les rouleaux.

Mais une fois au milieu des vagues, il se sent littéralement comme un poisson dans l'eau, fendant la houle avec une agilité déconcertante.

"Il n'a peur de rien. Il surferait sur n'importe quelle vague", affirme avec fierté Flavio Souza, sauveteur en mer à Saquarema, à 120 km à l'est de Rio de Janeiro.

Cette petite ville de 80.000 habitants s'est imposée comme l'un des principaux spots d'un surf brésilien en plein boom ces dernières années.

C'est sur une de ses plages que s'est déroulée en mai une étape du circuit professionnel WSL, remportée par Adriano de Souza, champion du monde en 2015.

Adriano est une des figures de proue de la "Brazilian Storm" (tempête brésilienne en anglais), expression utilisée dans le milieu pour décrire la nouvelle vague de talents qui a déferlé sur le surf mondial ces dernières années.

Le leader de cette Seleçao des océans est la superstar Gabriel Medina, premier Brésilien a décrocher le titre mondial, en 2014.

Actuellement en deuxième position du circuit, il a encore des chances de coiffer sur le fil John John Florence, qui défendra son titre chez lui, à Hawaï, à partir de vendredi, pour la dernière étape de la saison.

Le Brésil compte cette année pas moins de 12 surfeurs dans le top 44, ce qui semblait inimaginable il y a quelques années, quand le circuit était presque exclusivement dominé par des surfeurs américains ou australiens.

Doté de plus de 7.000 kilomètres de côtes, l'immense pays sud-américain a toujours eu de bons surfeurs, mais jamais autant dans l'élite de ce sport.

- Berceau de champions -

Et la tempête brésilienne n'est pas prête de s'arrêter de souffler. La nouvelle génération pointe déjà le bout de son nez. À Saquarema, Rickson Falcao a commencé à surfer dès l'âge de deux ans.

"Il a la force mentale d'un sportif de haut niveau et ça, c'est très important", explique sa mère Rejane Falcao, 37 ans, qui cumule les casquettes de coach, d'agent et d'attachée de presse.

La petite maison familiale est déjà remplie de trophées et le jeune prodige, qui partage ses journées entre l'école et les vagues toutes proches, ne cache pas ses ambitions. "Mon rêve? Être champion du monde!"

Il a la chance de vivre à Saquarema, que les habitants appellent le "Maracana" du surf brésilien, en référence au stade et temple du football. de Rio de Janeiro.

Dominée par une superbe église coloniale perchée sur un promontoire rocheux, cette bourgade est surtout connue pour la qualité de ses vagues.

Dans les rues, il n'est pas rare de croiser des habitants de tous âges se baladant une planche sous le bras.

Une des figures emblématiques de cette culture du surf local est Augusto de Matos, pompier à la retraite qui a fondé l'école de surf de Saquarema en 1990.

Depuis, il passe sa vie à transformer des bambins en surfeurs chevronnés.

L'école, qui compte aujourd'hui une trentaine d'élèves, a formé Alessandra Vieira, championne du monde amateur en 1994, à seulement 14 ans, ou Raoni Monteiro, vieux routier du circuit mondial.

Et avec des talents comme le petit Rickson, Augusto de Matos rêve encore plus grand. "Tous ces gamins ont un avenir. Notre projet vise à les prendre tout petits et à les faire grandir. C'est un berceau de champions."

- 'Avalanche' -

Malgré d'excellents résultats ces dernières saisons, le surf brésilien est loin de disposer des mêmes moyens que ses concurrents australiens ou américains, alors que le pays sort lentement d'une grave crise économique.

Mais les choses commencent à changer, notamment depuis que le surf a été reconnu comme sport olympique en 2016, pour faire son entrée au programme des JO de Tokyo en 2020.

La mère de Rickson explique que son fils est bénéficiaire de la "bourse athlète", une allocation mensuelle de 500 réais (environ 131 euros par mois) du ministère des Sports.

Cette année, l'école d'Augusto de Matos a noué un partenariat avec une salle de gym spécialisée dans le surf, où les élèves font de la musculation et des exercices sur des planches d'équilibre.

Et si la légende du surf américain Kelly Slater a créé une "machine à vagues" dans une piscine en Californie, Saquarema offre à ses surfeurs un dispositif similaire à l'état naturel.

Près de l'église, la mer débouche vers une sorte de lagune, produisant régulièrement de petites vagues, idéales pour les débutants.

Si l'émergence du surf brésilien est comparée à une "tempête" malgré la modestie des moyens actuels, Augusto de Matos prédit une "avalanche géante" si l'argent --subventions et parrainages-- commençait à couler à flots.

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