Environnement Le transport aérien au défi de freiner ses émissions polluantes

Relaxnews

10.4.2019 - 14:18

L'aviation représente environ 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2).
L'aviation représente environ 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2).
Source: Relaxnews

Alors que les appels au boycott de l'avion foisonnent sur internet notamment, le transport aérien tente de s'organiser face à l'urgence climatique, tout en absorbant une demande galopante.

Quel est l'impact environnemental du transport aérien? L'aviation représente environ 2% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), selon l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).

Ces 2% représentent l'équivalent des émissions d'un pays comme l'Allemagne, souligne une étude du cabinet de conseil Sia-partners.

Un total de 4,3 milliards de passagers (+6,1%) ont été transportés en 2018 dans le monde, selon l'OACI, et le trafic aérien est appelé à doubler dans les 15 à 20 ans à venir.



Selon un rapport publié en janvier par trois organisations européennes, dont l'Agence européenne de l'environnement (AEE), en 2016 l'aviation a représenté 3,6% des émissions des gaz à effet de serre par les Etats européens.

Quelles émissions pour les autres modes de transport?

Les transports représentent plus d'un quart de la totalité des émissions de gaz à effet de serre en Europe, selon l'AEE. Les transports routiers y conbribuent à hauteur de 72%, l'aviation pour 13,3% et le transport maritime pour 13,6%, le transport ferroviaire représentant une part infime des émissions, selon la même source.

Le transport aérien arrive en tête des émissions de CO2 avec 285 grammes par passager-kilomètre, devant le transport routier (158 g), par bus (68 g) et ferroviaire (14 g), selon des chiffres de l'AEE publiés en 2014.

Un report vers d'autres moyens de transport est-il envisageable? «Sur le long-courrier c'est compliqué», estime Philippe Berland, expert en transport aérien chez Sia-partner.

«L'avion est aussi très lié au développement de l'activité économique. Il n'est pas évident qu'il y ait une bascule vers d'autres moyens de transports parce que l'avion apporte aussi, comparé à d'autres modes de transports, la rapidité pour rallier un point A à un point B», ajoute-t-il.

«Sur le court-courrier l'arbitrage est un peu différent entre l'avion et le train, dès lors que le train est développé de manière efficace», poursuit-il.

Quelles mesures pour réduire les émissions?

L'OACI, l'agence des Nations unies spécialisée dans le transport aérien, s'est dotée en 2016 d'un mécanisme mondial de compensation des émissions de CO2 appelé Corsia (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation).

Le premier objectif est de stabiliser les émissions à partir de 2020 (croissance neutre). A partir de 2021, les émissions de CO2 dépassant le niveau de celles atteintes en 2020 seront compensées par l'acquisition de «crédits de réduction des émissions de CO2» sur un marché alimenté par des secteurs d'activité qui réduisent leurs émissions.

En outre, depuis 2013, les compagnies aériennes européennes participent au Système d'Echange de Quotas d'Emission (Seqe-UE) de gaz à effet de serre mis en place par l'Union européenne pour tous les vols domestiques et intra-Europe.

Quelles pistes concrètes pour polluer moins?

Les nouvelles générations d'avions représentent des gains d'efficacité énergétique de 15 à 25% grâce à des progrès sur les moteurs, l'aérodynamique et des matériaux plus légers.

Les aéronefs modernes sont aujourd'hui 80% plus efficaces au chapitre de la consommation de carburant que les premiers avions à réaction des années 60, selon un expert de l'OACI.

L'utilisation de biocarburants est testée. Mais son coût de production reste élevé et à grande échelle elle serait très vite limitée par l'utilisation excessive de terres arables, incompatible avec les besoins alimentaires.

Des temps longs

Le contrôle aérien peut également participer à une réduction des besoins en kérosène avec une optimisation des trajectoires des avions et une meilleure régulation pour limiter les temps d'attente au sol ou les contournements en cas de congestion d'un aéroport.

A plus long terme, les experts misent sur des ruptures technologiques -comme l'électrification de la propulsion des avions aux alentours de 2040- pour rendre l'avion plus propre.

Dans l'aéronautique «on est dans des temps longs» autant sur la durée d'utilisation des appareils que sur le développement de nouveaux programmes, souligne M. Berland.

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