Entre dégustations de grands crus et signatures de contrats d'export, Vinexpo, le plus grand salon vinicole de France, s'interrogera la semaine prochaine à Bordeaux sur les conséquences du changement climatique ou celles de l'envolée du e-commerce mondial.
Face à une concurrence accrue de salons étrangers, ce rendez-vous mondial des professionnels du vin, qui débute lundi, entend redorer son blason pour sa 20e édition en accueillant pendant quatre jours plus de 1.600 exposants de 29 pays.
Après avoir perdu plus d'un quart d'exposants depuis la précédente édition en 2017, le groupe Vinexpo a déjà commencé sa mue pour rester un rendez-vous incontournable de la planète vin, et organise désormais ses salons à New York, Paris, Shanghaï.
Vinexpo a aussi avancé d'un mois la date de son salon bordelais, qui a lieu une année sur deux en alternance avec Vinexpo Hong Kong, pour coller au calendrier des acheteurs: ses deux principaux concurrents tiennent salon en mars pour le leader Prowein à Düsseldorf (Allemagne, 6.500 exposants), et à Pâques pour Vinitaly à Vérone (Italie).
Réservés aux professionnels, ces salons permettent aux acheteurs de dénicher des vins et spiritueux au niveau international, tels un Beaujolais pour un restaurant, un Sauternes pour un caviste, un vin argentin pour un importateur chinois ou un armagnac pour un acheteur européen.
Cette année, les dizaines de milliers de visiteurs attendus au parc des expositions peuvent aussi découvrir les dernières nouveautés ainsi que les vins et spiritueux de Suède, de Turquie et du Vietnam, qui font leur entrée à Vinexpo.
A côté des grandes marques, de petits vignerons sont également présents comme à l'espace WOW! (World Organic Wine), où le bio et la biodynamie progressent de 15% par rapport à la première édition il y a deux ans, avec 150 producteurs venus de neuf pays.
Pour mettre en relations ces vendeurs avec les acheteurs internationaux, Vinexpo fait la part belle aux rendez-vous d'affaires, les «One to Wine meetings», une pratique incontournable aujourd'hui dans les salons. «Il est fini le temps où on trouvait des clients déambulant entre les stands. Ca se prépare avec des rendez-vous», souligne Emma Baudry, directrice de l'appellation Cadillac Côtes de Bordeaux.
- S'ouvrir vers l'extérieur -Autour de ce commerce pur s'articulent 40 conférences qui vont des vins de Bordeaux à l'investissement en Chine, en passant par les monocépages du Douro (Portugal) ou les liquoreux du monde, avec comme événement principal, le premier symposium international «Act for change». (agir pour le changement)
Chercheurs, économistes et producteurs y échangeront durant toute la journée de mardi sur l'impact du changement climatique sur les vignes, les chais et même les ventes.
Vinexpo veut aussi s'ouvrir vers l'extérieur en proposant une dégustation des vins du monde au grand public, dimanche avant l'ouverture officielle.
Quant aux clients, ils peuvent être invités par les participants du salon à de grandes soirées comme Le dîner du palais ou The Blend, et non plus être happés par des visites et dîners dans les prestigieux châteaux viticoles, loin du giron Vinexpo.
Car les retombées économiques de ce rendez-vous international sont estimées à 85 millions d'euros pour la métropole bordelaise en quatre jours mais aussi l'ensemble du vignoble girondin, y compris ceux qui ne participent pas à Vinexpo comme Emilie Douence du château Peneau à Haux (Gironde).
«Je démarre à l'export et j'ai l'impression qu'à Bordeaux, il y a davantage de visiteurs que d'acheteurs et les stands sont plus chers», explique la jeune femme qui a payé 1.800 euros à Dusseldorf pour avoir un stand collectif à Prowein, alors que plus de 4.000 euros sont demandés à Vinexpo Bordeaux.
La semaine prochaine, elle reçoit pour la première fois, directement au château, une acheteuse chinoise, invitée à Vinexpo. Pour cette viticultrice: «on peut profiter de Vinexpo sans y être, indirectement, on peut avoir des clients».
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