«Bötschi questionne» Zoë Pastelle, influenceuse: «Qui est Lara Gut-Behrami?»

Bruno Bötschi

15.1.2019

Zoë Pastelle à propos de ses objectifs: «J’ai toujours fait ce qui m’amusait dans la vie. Je n’ai jamais écouté ce que disaient les autres, mes professeurs ou mes camarades de classe.»
Zoë Pastelle à propos de ses objectifs: «J’ai toujours fait ce qui m’amusait dans la vie. Je n’ai jamais écouté ce que disaient les autres, mes professeurs ou mes camarades de classe.»
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Cela fait cinq ans qu’elle poste quotidiennement une photo sur Instagram: Zoë Pastelle, 19 ans, s’est ainsi propulsée au rang d’influenceuse la plus célèbre de Suisse. Un entretien sur la pression de la réussite, les célébrités et ce qui est véritablement important dans la vie.

Un café dans Zurich, sur la Löwenplatz. Rien que du beau monde et des tarifs exorbitants. Le journaliste (51 ans) a rendez-vous avec une idole des jeunes (selon le portail «Blick»): Zoë Pastelle, née Holthuizen, arbore une longue chevelure et une combinaison en velours vert.

Elle n’a pas encore 20 ans mais a déjà plus de 190 000 followers sur Instagram. Et tout cela sans se dénuder. Enfin presque. Zoë Pastelle salue le journaliste par une étreinte bien qu’elle ne le connaisse pas encore et commande un cappuccino («avec du lait de soja, s'il vous plaît»).

Madame Pastelle, je vais vous poser toute une série de questions au cours des 30 prochaines minutes. Merci d’y répondre le plus rapidement et le plus spontanément possible. Si une question vous déplaît, dites simplement «Question suivante».

C’est d’accord.

Pouvez-vous nous expliquer qui vous êtes en deux-trois phrases?

Je m’appelle Zoë Pastelle. Je suis comédienne et influenceuse. Et dans la vie, je fais ce qui m’amuse et me fait plaisir.

Sur votre compte Instagram, vous indiquez «actrice, fan de mode, esprit créatif, croque la vie à pleines dents». Dans quoi croquez-vous pour calmer votre faim?

Dans la créativité.

Pour vous réveiller le matin: vous êtes plutôt expresso ou plutôt thé?

Café.

Toujours avec du lait de soja?

Je suis végétalienne depuis que j’ai sept ans. C’est mon frère Kai qui m’a sensibilisée à la question. Ensemble, nous avons ensuite convaincu notre mère et depuis l’alimentation végétalienne est devenue en quelque sorte une affaire de famille. Au départ, c’était avant tout pour le bien-être des animaux. Aujourd’hui, je suis persuadée que le fait d’être végétalienne me permet d’être en meilleure santé.

Avec qui aimeriez-vous prendre une fois le déjeuner?

Oh là là, c’est une question difficile. Avec... avec... Oh, j’ai un trou de mémoire maintenant. Avec une célébrité cool... Bah, disons avec Albert Einstein.

Elle commence presque chacune de ses réponses par un rire. Ha ha ha. Le rire aurait-il une fonction de protection? Celui qui rit n’a pas besoin de répondre et est malgré tout aimable.

En tant qu’influenceuse, vous vivez le rêve de nombreux adolescents. Quel métier rêviez-vous d’exercer lorsque vous aviez 12 ans?

Je voulais devenir une ballerine, je voulais être sur scène. Quand j’étais encore plus jeune, je rêvais de devenir chanteuse.

Qu’est-ce qui vous a traumatisée au cours de votre adolescence?

Ai-je été traumatisée? Je ne crois pas.

Est-ce que votre portable est allumé en ce moment?

Oui.

Si vous aviez le choix, préféreriez-vous manger un sachet plein d’insectes ou rester toute une journée sans portable?

Rester une journée entière sans portable.

Combien de fois avez-vous déjà été sur Instagram aujourd'hui?

Une fois. Ce matin.

Pourquoi a-t-on besoin d’une vie privée?

Pour préserver sa paix intérieure.

Quels souvenirs gardez-vous du jour où vous avez téléchargé votre première image sur la plate-forme de partage de photos Instagram?

À 15 ou 16 ans, j'ai malheureusement supprimé tout un tas de photos de mes débuts. Donc, très honnêtement, je ne me souviens pas de la toute première photo que j’ai téléchargée.

Est-il exact que vous êtes devenue influenceuse à cause de ce que disaient vos camarades de classe? Il paraît qu’ils vous appelaient tous la «star de Hollywood».

Non, ce n’est pas ce qui m’a motivée à devenir influenceuse. Et de toute façon, j'ai du mal avec cette qualification professionnelle. Je me vois comme une personne créative, qui peut faire tout un tas de trucs cools. Devenir influenceuse n’a jamais été un objectif professionnel pour moi. J’ai toujours fait ce qui m’amusait dans la vie. Je n’ai jamais écouté ce que disaient les autres, mes professeurs ou mes camarades de classe. J’ai toujours suivi le courant tout en restant déterminée malgré tout.

Zoë Pastelle à propos d’Instagram: «Pour moi, le contenu a de toute façon toujours été une priorité tout comme le fait d’atteindre avec mon compte la communauté que je voulais précisément atteindre. Qu’est-ce que cela m'apporte d’avoir un milliard de followers si la moitié d’entre eux sont fake?»
Zoë Pastelle à propos d’Instagram: «Pour moi, le contenu a de toute façon toujours été une priorité tout comme le fait d’atteindre avec mon compte la communauté que je voulais précisément atteindre. Qu’est-ce que cela m'apporte d’avoir un milliard de followers si la moitié d’entre eux sont fake?»
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Quels médias sociaux utilisez-vous aujourd’hui?

Je suis surtout active sur Instagram. En 2019, je voudrais bien être davantage présente sur YouTube.

Zoë Pastelle est votre nom de scène. Qui l’a imaginé?

Pastelle est mon deuxième prénom et mon nom de famille est Holthuizen. Mais comme c’est un nom hollandais que pratiquement personne n’est capable de prononcer correctement, j’utilise Pastelle sur Instagram. Zoë signifie «vie» en grec. Si on lui associe Pastelle, on pourrait le traduire par «la vie en couleurs».

De danseuse étoile à influenceuse: avez-vous déjà regretté d'avoir arrêté votre formation en danse à la Haute école des arts de Zurich (ZHdK)?

Pas du tout. Tout comme je ne regrette pas non plus de l’avoir commencée. Ce fut l’une de mes meilleures expériences. J’y ai appris la discipline et l’autonomie. Mais je suis également heureuse d’avoir pris une autre direction ensuite, vers la comédie.

Pour quelle raison?

La comédie correspond encore davantage à ma passion.

En 2017, vous aviez 156 000 followers. Vous en avez plus de 190 000 aujourd’hui. Cela ne représente qu’une croissance modérée par rapport aux sœurs Kardashian, Kim, Kourtney et Khloé.

Je suis persuadée que le nombre de followers et les likes auront de moins en moins d'importance. Au lieu de cela, plus le contenu sera long, plus il sera important. Pour moi, le contenu a de toute façon toujours été une priorité tout comme le fait d’atteindre avec mon compte la communauté que je voulais précisément atteindre. Qu’est-ce que cela m'apporte d’avoir un milliard de followers si la moitié d’entre eux sont fake?»

Aujourd’hui, estimez-vous être «connue» ou déjà «très connue»?

Ce n’est pas quelque chose dont je peux juger moi-même.

Êtes-vous d’accord avec la phrase suivante: «Tout le monde vous connaît mais personne ne sait vraiment pourquoi.»

Je ne vois pas les choses de cette manière. De nombreuses personnes s'intéressent réellement à moi. J’essaie par ailleurs de montrer de plus en plus ce qui ce passe en coulisses. Cette année, je souhaite modifier mon approche et donner une idée plus précise de ce qu’est ma vie, être plus abordable.

Lorsque vous avez commencé à travailler en tant qu’influenceuse, vous ne saviez pas où tout cela allait vous mener. Le savez-vous aujourd'hui?

On peut bien sûr faire certaines suppositions sur la voie que je pourrais suivre mais personne ne peut avoir de certitudes. Il est tout à fait possible qu’un nouveau média voit le jour sur le marché après-demain et qu’Internet se métamorphose de fond en comble. Ou quand je pense aux scandales qui ont récemment été révélés sur les données Facebook et Netflix, je peux tout à fait imaginer que les autorités publiques intensifient leur répression en matière de protection des données. En ce qui me concerne, je ne peux qu’insister sur le fait que: mon objectif ne se résume pas à poster de belles images. Je souhaite mettre encore davantage l’accent sur le contenu lui-même et être en mesure de faire bouger les choses.

Quelles choses souhaiteriez-vous faire bouger?

Comme je vous l’ai déjà dit, l’alimentation végétalienne est un thème qui m’est cher depuis de nombreuses années. C’est quelque chose que je souhaiterais développer encore davantage en 2019. Je prévois aussi de collaborer avec des marques qui produisent de manière durable et naturelle. Dernièrement, j’ai par exemple soutenu une campagne pour un système de recyclage. En même temps, j'ai bien conscience qu’en tant qu’influenceuse je voyage très souvent en avion et que je n’ai donc pas le droit de jouer les grandes avocates du développement durable. Mais en revanche je peux tout à fait aborder et attirer l'attention sur de telles questions.

Les influenceurs sont régulièrement critiqués dans les médias. On affirme que vous ne publieriez que des contenus insipides et conformistes.

Personnellement, je n’ai eu qu’une seule mauvaise expérience avec la presse jusqu’à présent. Fondamentalement: je trouve important, en particulier pour un journaliste, que les questions nouvelles soient toujours examinées sous deux angles. Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas un sujet, ou parce qu’on ne s’y est pas suffisamment intéressé, qu’on a le droit de le condamner à l'avance. Même si je conçois très bien que quelqu’un puisse trouver ce genre de travail assez étrange, s'il ne passe pas lui-même quatre ou cinq heures chaque jour sur les réseaux sociaux.

C’est exact. Les médias suisses se montrent toujours enthousiastes à l’égard de cette demoiselle prodige. Certains la comparent même aux stars hollywoodiennes: «À tout juste 19 ans, cette Zurichoise, qui possède la même douceur, la même élégance et le même sens du style qu’Hepburn, a su bâtir avec succès sa ‹marque› Zoë Pastelle.»

Instagram vous a-t-il déjà menacé de bloquer votre compte parce que l’une de vos photos était trop dénudée?

Non.

Pourriez-vous nous décrire une photo que vous ne publieriez pas sur Instagram?

Vous ne verrez jamais sur Instagram une photo de moi en train de manger un steak. De même que je n’accepterais jamais de me vêtir de fourrure de pied en cap.

Dans le documentaire de la SRF «Le monde des influenceurs», vous expliquez que vous avez «beaucoup de plaisir à créer l’image parfaite». Qu’est-ce qui vous fascine dans le perfectionnisme?

Je me suis exprimée de façon confuse à cette occasion. Ce que je voulais dire en fait c’est que: j’aime pouvoir raconter une histoire à travers une image. Oui, bien sûr, j’aime aussi les images parfaites mais j’aime tout autant les photos et les clichés spontanés et instinctifs.

Dans une autre interview, vous déclariez: «Je sais toujours très précisément ce que je veux et je ne laisse personne m’en détourner. Le verbe renoncer n’existe pas dans mon vocabulaire!»

C’est un trait de caractère qui est très marqué chez moi. Je pense que tous mes amis en conviendraient s’ils étaient assis avec nous autour de cette table. Si je me suis mis quelque chose en tête, alors je n’entends plus que: vas-y, fonce!

Pouvez-vous pardonner les erreurs?

Oui.

Quand est-ce que le mensonge est acceptable?

Il ne l’est jamais vraiment en fait.

Quand avez-vous douté de vous pour la dernière fois?

J’ai une assez grande confiance en moi mais il m’arrive bien entendu de douter aussi de temps à autre.

Il y a quelques jours, vous avez perdu 73 followers d’un coup.

Vous savez plus de choses que moi.

Avez-vous des doutes lorsque vous constatez que le nombre de vos followers est en perte de vitesse?

Non, parce que, très honnêtement, je ne regarde quasiment jamais ces chiffres.

Pour quelle raison?

C’est une perte de temps.

Êtes-vous quelqu’un de chanceux?

Oui.

En 2017, vous avez joué dans le film «Blue My Mind» de la metteuse en scène Lisa Brühlmann. Comment en êtes-vous arrivée à participer à ce tournage?

Je me suis présentée au casting et j’ai décroché le rôle.

Il y a une scène célèbre dans le film dans laquelle vous soulevez votre haut alors que vous êtes sur un pont d’autoroute avec votre amie. N'avez-vous pas eu peur que cette scène puisse provoquer un accident?

Je crois que la plupart des conducteurs étaient concentrés sur leur route et qu’ils nous ont complètement ignorées.

Étiez-vous toute nue?

Ce n’est pas un sujet que nous devons absolument aborder ici.

Le métier de comédienne est-il devenu depuis lors votre métier de rêve?

Oui. Et c’est la raison pour laquelle j’ai également étudié à l’EFAS (European Film Actor School) de Zurich. En fait, je voulais déménager à Berlin et trouver une agence après avoir obtenu mon diplôme l’automne dernier. Mais les choses se sont passées différemment finalement.

Dans quelle mesure?

À cette époque-là, j’ai eu tellement de propositions de travail en tant qu’influenceuse que je n’ai pas eu le temps d’organiser mon déménagement. Mais c’était OK comme ça. Comme dit, je suis quelqu’un qui suit le courant. Je pense que je m’occuperai à nouveau de façon plus active du cinéma en 2019. Mais où j’irai, ça je ne le saurai qu’une fois là-bas. Ce ne sera pas nécessairement Berlin. Il y a tellement d’autres villes passionnantes. Et de toute façon: j’aimerais beaucoup que Zurich demeure mon lieu d’attache.

Maintenant, j’aurais besoin que vous me donniez votre secret personnel de la réussite: en tant qu’homme de 51 ans, que dois-je faire pour que mon compte Instagram remporte davantage de succès, voire même pour que je devienne un influenceur?

Eh bien, je suis probablement la personne la moins bien placée pour répondre à cette question. Lorsque j’ai commencé avec Instagram, mon objectif n’était pas du tout de générer le plus possible de followers. En ce qui me concerne, leur nombre a augmenté tout naturellement en l’espace de quatre ans. Aujourd’hui, certains influenceurs peuvent gagner 300 000 followers presque du jour au lendemain. Moi, j’ai eu besoin de quatre ou cinq ans pour bâtir ma communauté. Je suis désolée, mais je ne peux pas vous dire quelle est la meilleure façon de devenir un influenceur à succès. Et aussi parce qu’Instagram modifie en permanence son algorithme. Je ne comprends même plus moi-même quel est le meilleur moment pour poster une photo, ni combien de fois il faut le faire par jour. Mais, fondamentalement, on peut probablement dire que: si vous voulez que votre compte fonctionne, il faut choisir une dominante thématique. C’est ainsi que l’on peut délimiter sa communauté. Concrètement, cela veut dire que: vous ne devez pas publier la photo d’un bouquet de fleurs un jour, un selfie où l'on vous voit manger un hamburger le lendemain et des chaussures Louis Vuitton le troisième jour.

Le métier d’un influenceur consiste à collecter des moments de sa vie qui semblent parfaits en apparence dans un album-photos en ligne, auxquels toutes et tous ont publiquement accès sur Instagram.

Parfaits en apparence? OK, si c’est ce que vous pensez. Mais hier par exemple, je n’avais pas envie de télécharger une photo et je ne l’ai donc pas fait.

Très chères et chers followers, n’ayez surtout aucune inquiétude. Ce n’est que dans des cas très, très, très exceptionnels que Zoë Pastelle manque à ce point d’entrain et qu’elle ne publie aucune photo sur Instagram. De son propre aveu, cela n’a été le cas que deux jours (!!!) au cours des quatre ou cinq dernières années.

Que se passerait-il si vous ne téléchargiez aucune photo sur Instagram pendant une semaine entière?

J’aimerais bien le savoir moi-même.

Quelles sont vos occupations préférées quand vous n’avez pour une fois pas envie de la photo parfaite?

Il y en a plein. Le yoga par exemple. Ma bonne résolution pour 2019 est de terminer enfin ma formation de yoga cette année. Non pas parce que je veux devenir professeure de yoga mais parce que la philosophie qui se cache derrière cette discipline m’intéresse fondamentalement et que j’aimerais pouvoir en parler davantage sur mon compte Instagram.

Quelles autres activités pratiquez-vous pendant vos loisirs?

Je peins, j’écoute de la musique avec mes amies, j’aime aller à des concerts.

Quel est le dernier concert auquel vous ayez assisté?

C’était lors d’une manifestation à Paris, la semaine dernière. Je ne me souviens maintenant plus du nom du groupe mais ils étaient vraiment super bons. Vraiment incroyables!

Certaines de ces images apparemment parfaites d'Instagram sont des moments rémunérés, sponsorisés par une entreprise: sur ces photos, vous posez avec des chaussures, des boissons, des lunettes et vous les recommandez à tous ceux qui suivent votre album-photos en ligne, autrement dit à vos followers. Pouvez-vous me révéler combien ces entreprises sont prêtes à payer pour un moment parfait sur Instagram avec Zoë Pastelle?

Je ne vous demande pas non plus combien vous avez gagné aujourd'hui.

Combien avez-vous gagné en 2018?

Je ne sais pas.

D’après vous, pour quelles raisons le marketing d’influence rencontre-t-il un tel succès?

On a accès à la vie d’une personne parce que celle-ci partage des photos privées. Cela génère une proximité apparente, notamment avec les célébrités. Il m’est déjà arrivé de saluer quelqu’un lors d’un évènement et de me rendre compte après coup que je ne connaissais pas personnellement cette personne mais que je la suivais simplement depuis longtemps sur Instagram. De plus, la communauté à laquelle s’adresse un influenceur est clairement définie. Contrairement par exemple à un panneau publicitaire, que l’on positionne quelque part en ville et dont on ne sait pas précisément qui passera devant, avec un compte Instagram, on sait clairement qui le suit.

Dans le documentaire de la SRF «Le monde des influenceurs», vous déclarez: «J’essaie de faire tout ce qui me fait plaisir.» Qu’est-ce qui vous fait le plus plaisir en tant qu’influenceuse?

Il y a quelque chose qui me fascine de façon égale dans mes deux métiers, celui d’influenceuse et celui d’actrice: je peux y endosser des rôles très différents. De façon encore plus poussée dans la comédie car tu peux y jouer des personnages qui ne correspondent absolument pas à ta personnalité. C'est amusant et, en même temps, c’est un défi. En tant qu’influenceuse, je peux aussi inspirer certaines personnes. Récemment, l’une de mes utilisatrices m’a envoyé un message super adorable.

Que vous a-t-elle écrit?

Que je l’aurais encouragée à passer à une alimentation végétalienne.

Vous êtes invités à des défilés de mode dans le monde entier. Quel a été l’évènement le plus fou auquel vous ayez assisté jusqu’à présent?

La «Harper’s Bazaar Icon Party» à Manhattan, pendant la fashion week de New York. Swarovski Suisse m’y avait invitée. J’ai pu côtoyer le top du top des célébrités. Tout le monde, vraiment tout le monde était là. De Selena Gomez aux Kardashian en passant par le supermodel Cindy Crawford. J’ai fait une photo avec sa fille, Kaia Gerber, qui travaille également avec succès en tant que mannequin. Vous savez, j’étais pour ainsi dire la seule no name (inconnue, ndlr) dans toute l’assistance.

Comment garde-t-on son authenticité lorsque l’on est influenceuse?

Je dis toujours que je ne publie sur Instagram que ce que je voudrais également partager avec ma meilleure amie.

Chaque jour, de nouveaux comptes Instagram sont créés. Pensez-vous que le marché sera bientôt saturé et qu’il n’y a plus de place pour de nouveaux comptes? Ou, formulé autrement: que faites-vous si, après-demain, plus personne ne réclame Zoë Pastelle sur Instagram?

Pour être honnête, ça ne me fait pas peur. Je sens en moi comme une confiance fondamentale dans l’univers. Je suis convaincue que, dans ma vie, je ferai toujours des choses qui me correspondent et dont j’ai envie. Et de toute façon, j'ai encore toute une ribambelle d’idées en tête que je n’ai pas encore pu mettre en pratique jusqu'ici. Alors si l’engouement médiatique autour d’Instagram devait s’arrêter demain, ce serait enfin l’occasion pour moi de faire toutes ces choses que je n’ai jamais eu le temps de faire jusqu’à présent.

Cela arrivera peut-être plus tôt qu'on ne le pense: l’agence publicitaire Jung von Matt/Sports a réalisé une enquête sur les influenceurs et a interrogé pour ce faire les 1200 influenceurs*euses les plus connus. Conclusion de l’enquête: le boom est derrière nous.

Le métier d’influenceur présente certaines particularités: les influenceurs*euses sont jeunes et deviennent souvent célèbres avant d’avoir 20 ans. Comment avez-vous réussi à résister à cette pression?

La pression est grande, c’est vrai, et elle l’est de plus en plus chaque jour. Cela est également dû au fait que de plus en plus de personnes avec un très grand niveau de savoir-faire prennent part à l’aventure. Malgré tout, mon USP, mon argument clé de vente, est et demeure que je suis quelqu’un d’authentique et que je reste toujours fidèle à moi-même. Cela ne m’apporterait rien sur le long terme si je m’évertuais à singer d’autres influenceurs. Je dois faire mon truc à moi. Mon succès découle peut-être aussi du fait que je me suis constamment réinventée au cours des dernières années.

La vie d’influenceuse peut-elle même vous rendre malade? Elle Mills…

… Nous étions ensemble à Berlin il y a quelques mois…

… a publié l’été dernier une vidéo intitulée «Épuisée à 19 ans». Elle y avoue: je me suis trompée. Être une YouTubeuse n’a jamais été le métier dont je rêvais.

OK, je n’étais pas au courant.

Avec 30 millions d’abonnés, l’Espagnol et superstar du gaming Ruben Gundersen gérait la troisième plus grande chaîne YouTube avant d’annoncer en mai 2018 qu’il se retirait, pour une durée indéterminée, parce qu’il ne supportait plus la pression.

J'imagine très bien que de telles choses puissent se passer. La pression est vraiment très forte et ce n’est pas normal de devoir être aussi performant alors qu’on n’a pas encore 20 ans.

Vous avez 19 ans. Pour quelle raison vous impliquez-vous autant?

Les gens sont en attente de quelque chose. Mais j’avoue que c’est parfois difficile de gravir chaque jour un nouveau sommet.

Comment y parvenez-vous?

J’ai de nombreux(ses) ami(e)s qui n’ont pas Instagram pour univers. Je pense qu’ils me permettent de ne pas perdre le lien avec la vraie vie. Ma meilleure amie me retire aussi de temps en temps le portable des mains. Mais en fait je maîtrise assez bien la situation. Quand je fais de nouvelles rencontres, on me dit régulièrement: «Waouh, incroyable. Ça fait quatre heures qu’on est autour de cette table et tu n’as pas regardé une seule fois ton portable.» Le contact personnel est quelque chose d’extrêmement important pour moi. J’aime beaucoup discuter avec les gens.

Je reviens encore une fois à ma question: comment faites-vous pour supporter la pression?

Eh bien, je ne sais pas vraiment. Ma mère est certainement mon roc au milieu de la tempête. Tout comme mon frère bien sûr. Et le yoga joue également un rôle très important ici. C’est un moment où je suis totalement centrée sur moi-même. Une chose essentielle pour pouvoir être créatif et le rester. Je médite aussi régulièrement.

Il y a quelques semaines, Lara Gut-Behrami a supprimé l’ensemble de ses canaux de réseaux sociaux: y avez-vous également déjà pensé?

Qui est Lara Gut-Behrami?

L’une des meilleures skieuses alpines de Suisse.

Je comprends les gens qui suppriment leurs comptes ou qui ont envie de faire une pause. En même temps, je trouve ça dommage de tout faire disparaître. Car cela représente toujours beaucoup de temps et de travail.

De façon générale: la vie est-elle plus simple pour les personnes qui sont belles?

Cela dépend de ce que vous entendez par «plus simple». Il y a des gens qui ont pour unique but dans la vie d’aller à autant de fêtes mondaines que possible. De ce point de vue, la vie est effectivement plus simple si vous avez été gâté(e) physiquement par la nature. Mais ce n’est pas l’objectif que je poursuis dans ma vie.

Vous aimez pourtant aussi aller régulièrement à des soirées cool.

C’est exact mais ce n’est pas le plus important dans ma vie. Ce qui m’importe le plus, ce sont les relations avec les gens, ma familles, mes ami(e)s.

Quels sont les tics qui vous poussent de temps à autre à bout chez votre meilleure amie?

Je trouve ses petits défauts adorables. Par exemple: elle dit souvent que je devrais faire une pause, aller passer une semaine en montagne. Elle a d’ailleurs certainement raison.

Et qu’est-ce qui vous énerve le plus chez votre mère?

Ma mère s’occupe bien trop de moi. Il n’y a personne d’autre au monde qui soit autant aux petits soins. C’est pourquoi, de temps en temps, je dois lui rappeler de ne pas s’occuper constamment de moi et de faire aussi des choses pour elle.

Doit-on toujours être reconnaissant envers ses parents?

Je pense que oui.

Pensez-vous souvent à votre avenir?

Non, pas souvent. Je suis quelqu’un qui vit beaucoup dans le moment présent.

Qu’est-ce que les femmes savent mieux faire que les hommes?

Tout un tas de choses.

Qu’est-ce que les hommes savent mieux faire que les femmes?

Rien du tout.

À la question «Fonder une famille», vous répondez par oui ou par non?

Un jour ou l’autre sans aucun doute, mais pas pour le moment.

Quel type d’homme trouvez-vous passionnant?

Ceux qui ont de l'humour.

Êtes-vous amoureuse?

Seul le ciel étoilé a la réponse à cette question.

L’influenceur*euse que vous aimez par-dessus tout?

J’aime le blog sur le yoga de Jana Elisi. Sur le plan de l’alimentation, j’aime bien me laisser inspirer par mon amie Nadia Damaso et je trouve les conseils mode de Lena Lademann super cool parce qu’elle ne prend jamais la vie trop au sérieux et qu’elle aime bien tourner notre milieu en dérision.

Sur votre compte Instagram, il est indiqué: Paris, Berlin, basée à Zurich, et la liste continue. Chez vous, c’est où pour vous?

Je suis chez moi là où vivent ma famille et mes ami(e)s. Là où je peux garder un lien avec la vraie vie. Je suis chez moi à Zurich. Je suis une enfant de la ville.

Votre prochain rendez-vous?

Avec un photographe pour discuter d’une séance photo à venir. Et ensuite, il faudrait que je révise enfin l’examen théorique du permis de conduire car je dois le passer très prochainement. Je n’ai malheureusement pas encore appris grand-chose, alors il faut vite que je rattrape le temps perdu. Mais ça, c’est typiquement moi. Je fais toujours tout à la dernière minute.

Il est l’heure de se quitter. À nouveau: Zoë m’étreint pour me dire au revoir.

Bruno Bötschi, rédacteur de «Bluewin» interroge régulièrement des personnalités connues dans le cadre de son jeu de questions-réponses «Bötschi fragt». Bötschi a une grande expérience des interviews. Pendant des années, il a suivi la série «Traumfänger» (attrapeurs de rêves) pour le magazine «Schweizer Familie». À cette occasion, il a posé la question suivante à plus de 200 personnalités: On rêve beaucoup quand on est enfant. Vous souvenez-vous de vos rêves? Le livre sur la série «Traumfänger» est paru aux éditions Applaus Verlag, Zurich, et est disponible en librairie.
Bruno Bötschi, rédacteur de «Bluewin» interroge régulièrement des personnalités connues dans le cadre de son jeu de questions-réponses «Bötschi fragt». Bötschi a une grande expérience des interviews. Pendant des années, il a suivi la série «Traumfänger» (attrapeurs de rêves) pour le magazine «Schweizer Familie». À cette occasion, il a posé la question suivante à plus de 200 personnalités: On rêve beaucoup quand on est enfant. Vous souvenez-vous de vos rêves? Le livre sur la série «Traumfänger» est paru aux éditions Applaus Verlag, Zurich, et est disponible en librairie.
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