C'est lundi que le Lausanne-Sport a retrouvé les terrains d'entraînement. Pour une première semaine qui aurait dû être celle du couronnement et de la promotion en Super League.
«J'espère que nous ne serons pas les victimes de la crise du coronavirus.» Alexandre Pasche ne cherche pas à s'attarder sur le pire scénario possible. Celui qui annulerait la saison et rendrait l'inévitable montée des Lausannois caduque. «J'ose penser que le bon sens l'emporterait si le championnat devait être arrêté et que nous passerions à une formule à douze pour l'année prochaine», souffle le Vaudois.
C'est en effet mercredi que devait avoir lieu la dernière journée de Challenge League dans un monde normal. Puisque plus rien ne l'est vraiment et que l'incertitude noie les projections de chacun, Lausanne a quand même retrouvé le chemin de l'entraînement cette semaine. Au cas où.
«On est absolument conscient qu'on reprend peut-être pour rien, accepte l'entraîneur Giorgio Contini. C'est pour cela que tout ce qu'on fait à l'entraînement correspond à une mise en place pour retrouver le plaisir de rejouer au ballon. Il n'y a rien de spécifique, de tactique. Pour l'instant, la seule date dans le viseur est celle du 29 mai.» Soit celle de la décision que prendront les clubs quant à la poursuite ou non de la saison.
«Pas d'appréhension»
A la Pontaise donc, l'entraînement est surtout un excellent prétexte pour réapprivoiser le ballon, après plus de deux mois à entretenir sa condition physique. «C'est comme le vélo en principe, rigole Pasche. Les cinq ou dix premières minutes, on n'est pas tous des magiciens, mais après ça revient.» Et le football «n'est pas de l'athlétisme», dixit Contini. Egalement en termes de dynamique collective: «On a toujours besoin d'être poussé par ses coéquipiers, souligne le coach. Les joueurs ont fait ce qu'il fallait faire à la maison, mais ce n'est jamais la même chose que de s'entraîner avec l'équipe.»
De toute façon, à Lausanne, personne n'imagine vraiment que cette reprise soit suivie du néant. Ce ne sont en tout cas pas les conditions sanitaires qui préoccupent. «Tout a été mis en place pour qu'on se sente en sécurité, confirme Pasche. La Swiss Football League a fourni les éléments nécessaires pour qu'on continue. Après ce n'est pas moi qui décide. Mais cela a été validé par la Confédération. Alors il n'y a pas d'appréhension.»
Le joueur aimerait reprendre, quand bien même son avis n'est pas vraiment pris en compte. «C'est vrai que nous sommes un peu dépendants du système. Mais nous ne sommes pas les seuls dans ce cas de figure. Cela est pareil pour tous les employés dans tous les secteurs.»
La prolongation de Contini en question
L'entraîneur aussi plaide pour la poursuite du championnat. «Le monde recommence à se normaliser, insiste Contini. Les écoles ont été rouvertes, les restaurants aussi. Peu à peu, la vie redevient normale. Si le Conseil fédéral a dit que l'on pouvait pratiquer à nouveau notre métier, je ne vois pas pourquoi sportivement on ne pourrait pas jouer.»
Même si cela devrait se faire dans un premier temps à huis-clos. «C'est clair que l'ambiance va être différente, ajoute l'ancien attaquant. Mais cela ne concerne pas uniquement le foot. Même pour celui qui veut aller faire des grillades au bord du lac doit s'adapter. Il faut trouver des solutions et être positif pour retrouver la normalité.» Et celle du coach se trouve généralement sur le terrain.
Même si, pour Contini, elle est également en coulisses. Le Zurichois est, théoriquement, en fin de contrat au 30 juin. Mais il dispose d'une clause de prolongation automatique en cas de promotion. Laquelle n'a donc pas encore été activée, même si un départ semble improbable. «Nous avons envie de continuer à travailler ensemble, mais nous ne l'avons pas encore concrétisé, également en raison des incertitudes actuelles, précise-t-il. Il y a encore des questions à clarifier, mais il est clair que les dirigeants et moi voulons continuer ensemble.» A la Pontaise, la date du 29 mai est attendue de pied ferme.