Stéphane Lambiel a depuis plusieurs années embrassé avec succès la carrière de coach. Le Valaisan a pu retrouver la glace et ses élèves la semaine dernière dans son camp de base à Champéry.
Pour quelqu'un qui aime montrer ses émotions, porter un masque a quelque chose d'incongru. Mais en ce jeudi après-midi de l'Ascension, le double champion du monde (2005, 2006) ne s'en inquiète pas. En raison de la pandémie de COVID-19, le Valaisan de 35 ans a dû comme tout le monde mettre entre parenthèses son quotidien et rester à la maison.
Mais dès que les mesures du gouvernement ont été assouplies, celui qui est désormais employé à 50% par la fédération suisse a pu reprendre son activité de coach sur la glace, à Champéry. Avec le masque. «Le masque ne m'a jamais choqué. J'ai l'habitude de voir ça en Asie depuis vingt ans», précise-t-il d'emblée.
«Ca ne me fait pas peur. Je comprends la nécessité d'en porter à cet instant chez nous, même si ce n'est pas facile dans la patinoire. Mais une petite élève de cinq ans m'a vu avec le masque, et ça ne l'a pas du tout dérangée. Elle avait le sourire jusqu'aux oreilles de pouvoir patiner», raconte-t-il.
Pouvoir se projeter
La réouverture de la patinoire permet aux élèves du Valaisan de reprendre leur formation. «Aujourd'hui, le plus important c'est de pouvoir poser le pied sur la glace et d'offrir une chance à ces patineurs de pouvoir refaire ce qu'ils aiment et de pouvoir partager leur passion», note Stéphane Lambiel.
«On peut aussi commencer à construire la saison qui, on l'espère, va pouvoir recommencer en septembre ou octobre. C'est en tout cas ce qui est prévu, souligne-t-il. C'est essentiel de pouvoir mettre les choses en place, de créer de nouveaux programmes et de se projeter. En tant qu'athlète, on aime avoir des objectifs et j'espère que ces objectifs vont pouvoir rester. On pense aux compétitions, aux Grands Prix pour les plus grands, surtout que comme les Championnats du monde ont été annulés en mars, il y a cette frustration de ne pas avoir pu terminer la saison.»
Rester solidaire
En plus de l'aspect sportif, le patinage artistique flirte avec la culture et le divertissement au travers des différents galas dans le monde entier. Mais comme les grands rassemblements ne sont pour l'heure pas permis, c'est un peu une double peine. «C'est dur, concède le vice-champion olympique 2006. Parce que compétitions et spectacles ont été annulés», rappelle Stéphane Lambiel.
«Pour le patineur de spectacles, tout le programme du printemps a été annulé. Des camps n'ont également pas pu avoir lieu. Ca fait deux mois d'arrêt forcé, et il a fallu digérer. Mais il n'y a pas que le sport et la culture qui souffrent. Tous les domaines ont été impactés. Il faut être solidaire, et ne pas juste se dire que je ne peux plus faire ce que fais normalement», poursuit-il.
«Il faut se demander comment mettre les choses en route avec les nouvelles dispositions, avec la nouvelle situation, glisse-t-il. J'espère que ça sera vite derrière nous, mais rien ne sera probablement plus jamais pareil. On prend de nouvelles habitudes, on a une nouvelle manière d'interagir. Il y a une évolution et cette évolution doit être positive, en commençant gentiment.»
Coaching en ligne
On a vu certains coaches se réinventer et proposer des cours en ligne grâce à des plateformes vidéo. Stéphane Lambiel a gardé contact avec ses élèves via Zoom, pour des séances de condition physique: «On l'a fait pendant deux mois. Au début, on ne savait pas où on allait. Mais plus la situation s'améliorait et l'on sentait que ça allait dans le bon sens, plus on se réjouissait de pouvoir se retrouver. Lors des derniers cours en dehors de la glace, on s'est dit qu'on allait bientôt se voir à la patinoire comme avant.»
Cette pratique peut-elle devenir récurrente dans le futur? «On n'a pas encore complètement arrêté, parce que certains patineurs japonais et une élève islandaise sont encore bloqués dans leur pays. Du coup on a encore quelques cours. On va continuer avec ce système. Mais mon espoir c'est qu'on puisse tous retrouver la glace. Tu as besoin d'être présent. Je voyais bien les élèves faire leurs exercices, mais c'est plus dur d'intervenir via une application.»