RencontresOpacité et addiction: les dessous des algorithmes des «dating apps»
AFP
22.2.2020 - 00:00
De plus en plus de personnes sont amenées à rencontrer leur partenaire sur des sites de rencontres – déjà près de 30% des Américains. Une mise en relation qui passe par l'évaluation, l'opacité, l'addiction, explique Judith Duportail, auteure du livre «l’Amour sous algorithme».
Question: Est-on vraiment libre de ses choix sur les sites de rencontres ?
Réponse: «Quand on se connecte sur une application de rencontres, les profils que l’on voit sont sélectionnés pour nous. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Mais j’ai découvert lors de mon enquête sur Tinder que l’on y était évalué selon un niveau de “désirabilité”, notre niveau d’études et notre niveau de revenus, pour ensuite être montré à certains profils et pas à d’autres. Le système de matching de Tinder, sous brevet, était un système de classement où l’application fait en sorte de créer des paires ou des “matches” où l’homme est supérieur à la femme. Il présentait aux femmes des profils d’hommes soit plus âgés, soit ayant fait plus d’études, soit ayant davantage d’argent».
NDLR: Tinder dit avoir abandonné ce système de classement ou «Elo score». Sur un blog publié après la parution du livre, l’entreprise assure qu’un facteur déterminant est la «proximité géographique».
Q: En quoi connaître la recette de l’algorithme est-il important?
R: «Quand on voit les projections effectuées par les spécialistes, à terme, une majorité des couples se rencontrera dans le monde de demain via des applications. La manière dont seront calibrés ces algorithmes va déterminer qui vous allez rencontrer, qui vous avez le droit d’aimer, de toucher. Cela a des conséquences immenses.
«Dans le cas des algorithmes des applications de rencontres, personne n’est allé vérifier que cela respecte notre dignité»
Quand vous buvez du Coca-Cola, la recette est secrète mais il y a quand même une autorité qui est allée vérifier que cela n’allait pas vous empoisonner. Dans le cas des algorithmes des applications de rencontres, absolument personne n’est allé vérifier que cela respecte l’égalité entre les hommes et les femmes, entre les Noirs et les Blancs, entre les homosexuels et les hétérosexuels. Ou que cela respecte notre dignité tout simplement.»
Q: Ces applications cherchent aussi à garder le plus longtemps possible leurs clients, comment font-elles ?
R: «Elles utilisent notamment le mécanisme de la récompense aléatoire pour créer des addictions. C’est le même que sur Facebook et Instagram. Ce mécanisme a été modélisé sur des souris. On prend plusieurs souris et on leur donne plusieurs leviers: un levier, quand elles l’actionnent, leur donne de l’eau ou à manger, un deuxième levier ne donne rien et un troisième est aléatoire, elles ne savent pas ce qu’elles auront. Quand on ne sait pas ce qu’il y a derrière le levier, vous y retournez sans cesse. C’est le mécanisme des machines à sous. C’est diablement efficace pour notre cerveau.À chaque fois que vous rallumez l’appli il y a un «peut-être». Aujourd’hui l’utilisateur moyen de Tinder y passe 45 minutes par jour.»
Q: Que font ces applis avec nos données ?
R: «Vos informations personnelles peuvent être partagées avec des partenaires commerciaux et publicitaires. L’ONG allemande Tactical Tec a enquêté: il existe des sites qui achètent des données des applications de dating. Sur des sites comme usdate.org, on peut racheter des listes de personnes, selon le profil. Ce sont des données très intimes avec une valeur émotionnelle forte. Par exemple des personnes toujours rejetées sur des sites de dating, vous savez que ces personnes là seront particulièrement vulnérables à un type de marketing qui viendra appuyer sur cette corde_là. Ce sont des arguments commerciaux qui se vendent cher.»
Les applications régissent notre existence. Voici celles qui ont marqué la décennie précédente.
Photo: iStock
10e place: TikTok (2016). TikTok est la première application chinoise de réseautage social ayant également rencontré un vif succès en Occident. Cela a valu quelques critiques à l’application sur laquelle de très jeunes utilisateurs surtout postent de brèves vidéos très souvent amusantes. Les médias ont fait état de la censure sur les questions politiques sensibles pour la Chine, ce qui a été démenti par la société
Photo: Keystone
9e place: Flappy Bird (2014): Ce jeu très simple dans lequel il faut faire avancer un oiseau en évitant de heurter des tuyaux a agité le monde entier pendant quelques semaines au début de l’année 2014. Son concepteur a ensuite agi de manière très désintéressée. Il a supprimé son application de tous les App Stores car Flappy Bird était trop addictif. Les jeux actuels pour smartphones fonctionnent naturellement exactement sur ce même modèle économique.
Photo: Getty Images
8e place: Google Photos (2015): dès le début, il était possible de stocker gratuitement et en illimité ses photos dans le cloud de Google Photos. C’est ainsi que l’application s’est nettement démarquée de ses concurrents sur le marché du cloud qui se faisaient payer d’ordinaire une jolie somme pour chaque méga-octet d’espace de stockage.
Photo: Getty Images
7e place: Slack (2013). Slack a apporté les fonctions connues des tchats privés dans le monde de l’entreprise. Il est désormais également possible de s’envoyer très officiellement des émojis au travail. Cette nouvelle vision de la communication en entreprise sert toutefois aussi à s’assurer que les collaborateurs soient toujours atteignables, souvent également en dehors des heures de travail.
Photo: Keystone
6e place: Candy Crush (2012). Le concept des créateurs de Candy Crush était à l’opposé de celui de Flappy Bird. Ils n'ont en fait que rendu leur jeu toujours plus addictif et ont réalisé des milliards de chiffre d'affaires grâce aux achats in-app (ou achats intégrés).
Photo: Keystone
5e place: Snapchat (2011.: Durant un certain temps, le réseau social Snapchat semblait pouvoir supplanter Facebook, surtout auprès des jeunes utilisateurs. Il possédait de nombreuses fonctionnalités innovantes, comme ses messages à durée limitée et ses filtres amusants. Mais Facebook ne s’est pas gêné pour les copier sur Instagram. Snapchat continue toutefois d’être très présent sur le marché.
Photo: Keystone
4e place: Pokémon GO (2016). Si des personnes courent sans raison apparente dans des parcs sombres avec leur smartphone en main, c’est probablement parce qu’ils chassent les Pokémons. L’application sortie en 2016 a été l'un des premiers jeux de réalité augmentée et elle reste aujourd’hui encore la seule à avoir vraiment du succès.
Photo: Keystone
3e place: Tinder (2012). Avant Tinder, les rencontres en ligne jouissaient d’une réputation plutôt douteuse. Cela signifiait que les utilisateurs qui y avaient recours ne parvenaient pas à trouver quelqu’un de «manière classique». Le fonctionnement très simple et très superficiel de Tinder, où l’on balaie l'écran vers la droite ou vers la gauche afin de témoigner de son intérêt ou désintérêt à de potentiels partenaires, a transformé les rencontres en ligne en un phénomène de masse.
Photo: Keystone
Uber (2011). Uber a révolutionné la mobilité urbaine. Commander une voiture simplement à l’aide d’un smartphone était une nouveauté. L’entreprise a considéré comme facultatives les lois en vigueur relatives au droit du travail et au transport de personnes dans bien des pays et a évincé de nombreuses sociétés de taxis implantées en recourant à des méthodes agressives.
Photo: Keystone
Instagram (2010). Instagram a créé une esthétique complètement nouvelle. Des restaurants changent leur décoration afin d’apparaître sous leur meilleur jour sur l’application. Des personnes se rendent chez un chirurgien esthétique pour une opération du visage leur conférant un «visage Instagram». Et les fonctionnalités copiées à partir de Snapchat permettent aussi à Instagram de devenir l’appli toujours plus populaire pour la communication de personne à personne.
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