Interview Julie Ferrier: «Tout est au point mort, ce n’est pas vivable!» 

de Caroline Libbrecht / AllTheContent

15.2.2021

Julie Ferrier se glisse à nouveau dans la peau de Louise Bonne, enquêtrice, dans «Crimes parfaits». A voir dès ce 16 février, sur France3. On peut aussi la retrouver dans «En passant pécho», une comédie déjantée qui ne passe pas inaperçue, sur Netflix.

Vous revenez dans deux épisodes de «Crimes parfaits». Quelles seront les nouveautés de cette troisième saison?

On tourne à la Rochelle, dans le Sud-Ouest de la France. J’adore cette région, j’ai énormément de plaisir à tourner là-bas. On a essayé de faire en sorte que mon personnage, Louise Bonne, soit imprévisible dans sa manière d’être, c’est-à-dire drôle, cocasse et insolite dans sa façon de s’exprimer. Cela a été un travail sur le tournage, et en amont aussi, à l’écriture. Je participe un peu à l’écriture, non pas au niveau de l’intrigue, mais plus au niveau des dialogues. Comme je tiens le rôle principal, cela m’aide, au niveau de la crédibilité, du style et du rythme. Je travaille avec la scénariste, la production et le réalisateur. Puis, très vite, les acteurs principaux se joignent à nous et on fait des lectures.

Peut-on en dire un peu plus sur l’intrigue de ces deux épisodes inédits?

Il y a un ping-pong entre l’histoire privée et l’intrigue policière. Il y a toujours la même complicité avec Fatou - jouée par Wendy Nieto - et la fille de Louise Bonne. On forme un trio. Le téléspectateur voit le meurtre, à la façon de la série «Columbo», et il se délecte ensuite de voir comment Louise Bonne mène l’enquête et retrouve le coupable. C’est fort, ce que la scénariste Marie-Anne Le Pezennec écrit… Je serais incapable d’écrire un truc pareil (rires)! La difficulté de l’exercice, c’est de continuer à être drôle en parlant de crimes abominables. Il faut aussi qu’il y ait de l’empathie et de la compassion. Louise Bonne n’en manque pas! C’est important dans le monde actuel.

Julie Ferrier lors de la 10e édition du Festival des Lumières à Lyon, en 2018.
Julie Ferrier lors de la 10e édition du Festival des Lumières à Lyon, en 2018.
Nicolas Liponne/NurPhoto via Getty Images

«J’ai mis du temps à me sentir à l’aise en tant qu’enquêtrice.»

La série policière, est-ce un genre dans lequel vous vous sentez à l’aise?

Pas du tout! Jusqu’ici, j’étais plutôt appelée pour faire rire. J’ai mis du temps à me sentir à l’aise en tant qu’enquêtrice. On est sur un registre nouveau pour moi. Mais le policier est à la mode à la télévision aujourd’hui et, même moi, je n’y ai pas échappé! En 2017, j’ai fait mes preuves dans la série «Les Mystères de l’île», sur France3. Du coup, on m’a proposé «Crimes parfaits».

On vous retrouve aussi sur Netflix, dans le film «En passant pécho», de Julien Royal…

C’est un de mes rôles les plus déjantés, avec «Sous les jupes des filles». C’est un personnage deux-en-un complètement dingue. Dans un même rôle, je joue deux personnalités différentes. C’est très dur à jouer!

Vous venez d’une grande lignée de comédiens, est-ce plus facile pour se sentir comprise?

Oui, six générations! Dans ma famille, il y a beaucoup de musiciens, une ancienne danseuse de flamenco, des dessinateurs et des réalisateurs. Mon arrière-arrière grand-père était à la Comédie française. Ma mère était comédienne également, elle a joué avec Depardieu, Delon… Cela dit, les nouvelles générations sont un peu moins artistes.

Vous êtes une grande passionnée. Est-ce difficile de choisir entre télévision, cinéma et théâtre?

Pendant 30 ans, j’ai fait les trois. J’ai commencé à 17 ans, en tant que danseuse. La danse était mon premier métier, j’aime travailler, je suis consciente que sans travail, on n’arrive pas à grand-chose. Comme un sportif de haut niveau. Quand je regarde en arrière, ça me donne le vertige! Je suis contente de tout ce que j’ai fait. Là, j’ai calmé le jeu depuis quelques temps. Depuis trois ans, je sentais que je commençais à perdre le feu sacré. L’épidémie du covid nous a calmés aussi.

«En France, avec le Covid, tout est au point mort, ce n’est pas vivable!»

La crise sanitaire actuelle a-t-elle un impact sur le sens de votre vie?

Bien sûr, tous les métiers de la culture sont énormément impactés! Je continue à travailler sur des créations de théâtre, mais à l’étranger. Là je pars quelques semaines au Brésil pour monter une pièce. En France, avec le Covid, tout est au point mort, ce n’est pas vivable! J’aimerais vivre au bord de la mer. Pour l’instant, je vis en banlieue parisienne, entourée d’animaux. Mais comme je voyage beaucoup, je me contente de deux chats et un chien. J’ai eu, lors du premier confinement en mars dernier, jusqu’à neuf animaux à la maison. J’avais alors une cochonne domestique, Brad Pig… qu’on voit dans le film «En passant pécho». J’ai dû la confier à un ami qui est tombé fou amoureux d’elle. Il faut savoir qu’un cochon, c’est plus contraignant qu’un chien: ça retourne la terre, ça bouffe les portes… C’est comme un chien mal élevé, avec un mauvais caractère!

Vous avez témoigné sur vos fausses couches. Etes-vous contente que la parole se libère autour de cette douloureuse expérience?

Oui, ça fait du bien d’en parler. J’ai voulu témoigner par rapport à ma famille notamment. Il était temps que tout le monde le sache. Pendant des années, j’ai encaissé sans rien dire. J’étais dans le déni, je n’en parlais pas. Cela restera une blessure; cela représente dix ans de ma vie. Dix ans pendant lesquels j’ai enchaîné espoirs et déceptions. Aujourd’hui, à 49 ans, je me console quand je vois l’état du monde dans lequel on vit.

Retrouvez Julie Ferrier :

«Crimes parfaits», dès le 16 février, à 21h05, sur France3, deux épisodes de 52 minutes.

«En passant pécho», de Julien Royal, film disponible sur NetFlix.

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