Interview Sophie Jovillard: «Oui, le transport aérien, les croisières polluent»

Samuel Bartholin / AllTheContent

16.8.2019

Sophie Jovillard présente l'émission «Echappées belles».
Sophie Jovillard présente l'émission «Echappées belles».
France 5

Sophie Jovillard emmène depuis 13 ans les téléspectateurs d’«Echappées belles» aussi bien dans des destinations lointaines qu’au cœur des régions françaises, à la découverte de paysages inédits et des gens qui les peuplent. Et la journaliste s’entend à rendre sa passion contagieuse, qu’elle évoque à la radio ou à la télévision, son amour des rues ensoleillées de Marseille ou sa fascination pour les aurores boréales du Grand Nord…

Vous êtes présente chaque jour de cet été 2019 sur la radio France Info avec le programme court «Carte postale»…

Oui, j’en suis ravie! Jean-Philippe Baille, le directeur de la rédaction de France Info, m’a contactée pour me demander de petites cartes postales, comme le titre de la chronique le désigne bien! Il s’agit de coups de cœur, de lieux que j’aime, que j’ai visités et que je conseille… Des balades très estivales, un peu pour se mettre au frais! La programmation est assez variée: des jardins, des châteaux, plutôt dans une atmosphère familiale… Ces chroniques ont été enregistrées, et sont encore diffusées durant tout le mois d’août.

«C’est un essai que j’aimerais pouvoir transformer...»

Un exercice basé sur la narration, un peu différent de ce que vous faites à la télé…

Oui, c’est raconté à la première personne, et je m’octroie le droit à la subjectivité, de dire pourquoi j’ai vraiment aimé cet endroit, comment j’y ai fait telle rencontre… Ça n’est qu’un focus, les choses passent vite en radio - deux minutes, deux minutes trente, c’est assez rapide. C’est un petit clin d’œil, avec toujours l’humain, la rencontre placée au centre! C’est ce qui m’intéresse, j’aime un endroit parce que la rencontre y a été jolie, parce que j’ai été marquée par le parcours de celui ou celle qui m’a accueillie. Cette expérience de la chronique radio m’a beaucoup plu: c’est un essai que j’aimerais pouvoir transformer, car j’interviens ainsi ponctuellement sur les ondes, mais sans rendez-vous régulier, alors que c’est quelque chose qui me plairait énormément… Ça passera peut-être par la création d’un podcast - c’est très en vogue, et puis les places sont chères en radio! On verra…

«Je l’aime beaucoup, j’y vis en alternance, c’est ma ville de cœur!»

Un des derniers tournages avant l’été d’«Echappées belles» se déroulait en Provence, à Marseille. C’est aussi là que vous passez vos vacances…

Exactement! J’ai un attachement particulier à Marseille… J’ai certes grandi dans la région lyonnaise, dans le Beaujolais, c’est mon «fief»! Mais le travail m’a amené dans plusieurs régions de France: en Bourgogne, à Paris… Et aussi à Marseille, il y a quelques années de cela. J’ai développé une relation à part avec cette ville, qui a un pouvoir d’attraction très fort. Il y a une qualité de vie assez extraordinaire: être dans la deuxième ville de France, et avoir cette ouverture sur la Méditerranée, son invitation permanente au voyage… Marseille est une ville qui a évolué, qui s’est épanouie, elle a été capitale européenne de la culture en 2013. Le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) a tout changé: on est venu de partout pour voir ce bâtiment incroyable de Rudy Ricciotti, et les expositions. C’est très populaire, dans le bon sens du terme, très accessible par tous, avec cette passerelle de béton qui relie le Mucem au quartier du Panier. Ça a entraîné d’autres projets de grands architectes, comme Zaha Hadid, Jean Nouvel, Norman Foster… Et la ville dans le même temps a gardé son identité: le quartier Noailles n’a pas tellement changé… Quelques magasins «bobos» ont ouvert ça et là, mais Marseille conserve son âme. Je l’aime beaucoup, j’y vis en alternance, c’est ma ville de cœur!

«J’ai cru sur le coup que c’était une blague...»

Est-ce la passion pour le voyage et la découverte qui vous ont guidée vers le journalisme?

Je crois que j’avais au fond envie de faire ça depuis toujours… J’ai fait des études de communication pour devenir attachée de presse, mais les stages que j’ai eu la chance de faire, je les ai faits tout de suite dans des médias. Ce fut d’abord la radio, le bureau de RTL à Lyon, où le journaliste Serge Colonge m’a pris sous son aile, et où j’ai senti que c’était vraiment ça qui m’attirait. J’ai été embauchée dans une télé locale à Lyon, puis après à France 3… J’ai fait alors beaucoup de magazines de découverte régionale: j’avais déjà la bougeotte! De fil en aiguille, ça s’est imposé assez naturellement. Et je me disais que si je devais un jour changer de chaîne, je rêverais de travailler sur France 5 pour un magazine de voyage, que ce serait le Graal! J’ai bossé en parallèle pour la chaîne Voyage… Et un jour, des gens avec qui j’avais travaillé deviennent producteurs, et m’appellent en me disant avoir récupéré l’appel d’offres de France 5 pour une émission de voyages: ils m’ont proposé de faire partie de l’aventure… J’ai cru sur le coup que c’était une blague, vu que c’était à la fois et la chaîne, et le type d’émissions sur lesquels j’avais envie de travailler! C’est pour ça qu’en treize ans, je n’ai pas vu le temps passer.

Dans «Echappées belles», on retrouve ce mélange qui colle à votre parcours, entre destinations lointaines et patrimoine proche, entre le Népal et la Sologne…

Dès le début, on s’est rendu compte que les émissions «France» fonctionnaient très bien. Sans vouloir trop m’avancer, je pense que ca tient peut-être au fait que les gens voyagent un peu moins, mais un peu mieux! Voyager a un coût, tout le monde ne peut pas se l’offrir chaque année, et puis ça laisse une empreinte carbone… Du coup, nos émissions au bout du monde sont regardées un peu comme un voyage par procuration que permet la télé. Tandis que le voyage en France, c’est plus dans l’idée de choper des idées pour son prochain week-end, un endroit où je pourrais embarquer les enfants! Découvrir le miel de Sologne, les brebis solognotes, un spectacle autour du château de Chambord… On teste aussi quelque chose d’autre, ce sont des idées week-end sur des destinations européennes: aller en Bavière, à Lisbonne, etc. On répond ainsi à des manières différentes de voyager.

Qu’est-ce qui a évolué en treize ans d’émission?

La forme a changé! On était beaucoup plus courts, au début: il s’agissait plus d’une alternance de plateaux et de reportages, qui n’avaient pas toujours de lien les uns avec les autres. Il y avait un côté plus patchwork dans la programmation de l’émission: on pouvait être en Irlande, et proposer un sujet sur l’Italie. Maintenant, on est vraiment sur une heure et demie de voyage sur une destination, et on ne dissocie plus le plateau et les sujets, tout est lié: on s’installe davantage sur place, c’est plus immersif, on prend plus part à la découverte et aux rencontres. Cette forme-là, depuis quelques années, me plaît bien: on part vraiment en voyage ensemble!

Vous avez fait près de 250 émissions… Quelle région ou destination vous a particulièrement marquée?

J’ai tous les ans un petit coup de cœur… Cette année, ca a vraiment été le Népal. Je ne connaissais pas, j’avais très envie d’y aller, mais je pensais que c’était vraiment une destination pour le trek, pour des gens expérimentés dans la randonnée en montagne… Et j’ai découvert un pays avec une faune et une flore exceptionnels, susceptible de plaire aussi aux randonneurs classiques, une variété de paysages extraordinaires, tandis qu’humainement, aussi, c’est très fort. Benoit, un Français installé là-bas, marié à une Népalaise, m’a fait découvrir le Langtang, et c’était sublime: des randonnées exigeantes, mais pas inaccessibles, et on se retrouve vite bluffés. On reste cois, dans une forme d’humilité par rapport à la nature… Un très, très beau voyage! Après, j’aime beaucoup les pays nordiques, la Norvège, les fjords. Cet hiver, je suis allée de nouveau en Laponie, côté Finlande. J’aime ces espaces-là, très blancs, très nature, les aurores boréales… Là aussi, il y a quelque chose d’assez magique quand on observe le ciel! Mon rêve de voyage, c’est le Groenland! Je le dis à chaque fois qu’on me pose la question! (rires)

«Faut-il pour autant clouer au sol tous les avions? Je ne crois pas...»

Des voix se font entendre sur les dégâts environnementaux causés par les gros bateaux de croisière, l’empreinte carbone des avions… Qu’en pensez-vous?

Je trouve très bien qu’il y ait ce regard critique! En effet, il y a un moment où il faut tous qu’on prenne nos responsabilités par rapport à ça. Oui, le transport aérien, les bateaux de croisière polluent, c’est un fait acté… Faut-il pour autant clouer au sol tous les avions? Je ne crois pas, je pense qu’il faut des mesures équilibrées, et devenir un voyageur responsable. Comme je disais plus tôt, voyager moins, mais mieux! Je compare souvent cela à la consommation de viande: on peut être «flexitarien» dans son alimentation, décider de consommer moins mais mieux… On peut ainsi de même choisir des hébergements «eco-friendly», pratiquer le tourisme durable, compenser son empreinte carbone en s’associant à des organisations qui reboisent… Plutôt que de voyager tous les week-ends à 40 euros en vol low-cost, on peut voyager un peu plus localement, en prenant davantage le train. Et de temps en temps, s’octroyer un très beau voyage, bien préparé, au Népal, en Colombie, au Costa-Rica… Je pense qu’il ne faut pas culpabiliser les gens qui voyagent, car le tourisme est aussi une économie qui est très importante pour les pays qui en bénéficient, et la France en fait partie. Il faut juste être plus attentifs, ne pas chercher forcément à multiplier les vols intérieurs, les escales, vouloir tout faire en 15 jours. Il faut davantage réguler, responsabiliser, sans interdire aux gens de voyager dans le monde. Dans l’émission, on met en avant des associations locales, qui se battent pour la préservation de la faune, du patrimoine, et on cherche surtout à promouvoir des voyages qui aient du sens…

Sophie a eu un coup de cœur cette année pour le Népal.
Sophie a eu un coup de cœur cette année pour le Népal.
France 5

Retrouvez Sophie Jovillard:

- «Carte postale»: du lundi au vendredi, à 14h26, 16h26 et 17h56, sur France Info
- «Echappées belles»: Croatie, voyage en Adriatique (redif.), samedi 17 août, à 20h35

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