L'international suisse Johan Djourou était sur le plateau de Teleclub Sports à l'occasion de l'émission dominicale "L'Heure de Jeu". L'ancien défenseur d'Arsenal a prolongé l'interview en coulisses pour Bluewin.ch lors de laquelle il a notamment évoqué sa situation actuelle et son avenir.
Johan Djourou, vous êtes passé sur le billard fin janvier. Quelle était la nature de cette opération?
"Je m'étais fait opérer du genou il y a une dizaine d'années. L'intervention s'était bien déroulée, mais des éclats de cartillages s'étaient logés dans l'articulation et me faisaient mal. C'était donc l'occasion de les retirer."
Près de six semaines plus tard, comment allez-vous?
"Tout va bien. J'ai pu poser les béquilles il y a moins d'une semaine. Dans ma situation actuelle, je n'ai pas d'échéances urgentes. Je ne suis donc pas pressé de revenir. J'ai ainsi pris le temps de ne pas mettre trop de poids sur ma jambe. Je vais désormais pouvoir recommencer à la charger et à la muscler. Jusqu'à maintenant, j'avais permis à mon corps de souffler quelque peu en privilégiant le gainage et le cardio. Le travail va s'amplifier dans les semaines à venir."
Cette opération a été rendue possible suite à votre départ de la SPAL à la mi-janvier. Pourquoi avez-vous choisi de quitter ce club?
"Durant mes six mois là-bas, j'ai eu beaucoup de pépins physiques. Ma blessure face à Naples m'a fait prendre conscience que j'avais besoin de six mois de pause. J'ai ainsi discuté avec les dirigeants italiens et nous avons pu trouver un terrain d'entente."
A votre âge, n'avez-vous pas peur que ce soit un risque de vous retrouver sans club?
"A cet âge vous avez dit (ndlr: il se marre)?! Non, à 32 ans, je peux encore jouer quelques années. Le fait d'être 'gratuit' et 'libre' est d'ailleurs un avantage pour les clubs qui s'intéressent à moi. Le risque aurait plutôt été de continuer à évoluer blessé et de ne plus pouvoir jouer sur le long terme. C'était donc une décision réfléchie pour le futur."
D'ailleurs, comment se passe le quotidien d'un joueur libre?
"En ce moment, j'ai beaucoup à faire avec la rééducation de mon genou. Je veille également à bien me reposer mentalement, à profiter de mes amis et de ma famille. C'est aussi l'occasion de se consacrer davantage à d'autres choses. Je ne dirais pas que j'y prends goût car les terrains me manquent, mais je m'occupe et le temps passe relativement vite."
Vous évoquiez un repos mental. Pourquoi?
"On a parfois tendance à oublier que, durant une carrière professionnelle, il y a des moments de doute et des périodes plus difficiles que d'autres lors desquelles on prend des coups, lors desquelles on se pose des questions. Un petit break ne peut donc faire que du bien."
Est-ce aussi l'occasion de préparer la retraite, ou du moins y penser?
"J'ai toujours été franc avec moi-même. Je savais donc que ma carrière aurait une fin. Je me suis toujours dit qu'après le football, il y aurait autre chose. J'aime tellement de choses différentes que ça ne me fait pas peur."
En 2017, vous aviez été écarté du groupe professionnel par Hambourg. Cette période loin d'une équipe vous est-elle utile dans votre situation actuelle?
"Totalement. Le fait de jouer au football me procure toujours énormément de plaisir. Je vis de mon rêve et je suis totalement épanoui. Mais je prends mon pied également en travaillant très dur après une blessure afin de revenir au top. Toute cette rééducation, toutes ces phases de doute, tous ces moments où tu dois pousser ton corps est quelque chose que j'adore. C'est une phase qui me fait énormément de bien. Je vais devoir y repasser maintenant et j'en suis impatient."
Ceci est votre avenir à court terme. Qu'en est-il de votre futur si on se projette un peu plus loin?
"J'espère trouver un club dès que je serai apte afin de pouvoir m'entraîner en équipe. Mais il est clair que je veux être prêt à jouer cet été."
Serait-il possible que ce soit en Suisse, un pays dans lequel vous n'avez jamais évolué?
"Si le concept et le projet sont intéressants, avec plaisir. A l'image d'un Steve Von Bergen, j'aimerais rentrer compétitif en Suisse. C'est d'ailleurs pour être compétitif et pour jouer au plus haut niveau que je travaille autant pour revenir de ma blessure actuelle. Je laisse la porte ouverte pour la Suisse, mais ailleurs aussi."
Dans votre situation actuelle, l'équipe de Suisse reste-t-elle un objectif?
"Il faut être honnête: la forme déterminera ce qui se passera par la suite. Je reste en contact avec Vladimir Petkovic, un coach que j'apprécie beaucoup. Je sais ce que je peux apporter à la 'Nati', mais je sais également qu'il y a de très bons jeunes qui poussent. Mais, aujourd'hui, je ne me pose pas cette question."
En août 2018, votre nom avait été cité parmi les joueurs indésirables en équipe de Suisse. Quel est le fin mot de l'histoire?
"Il y eu une mésentente car le coach n'avait pas donné de nom. Vladimir Petkovic avait simplement dit qu'il allait y avoir du renouveau. Les noms cités dans la presse sont donc partis de quelque part sans être vérifiés ni affirmés par le sélectionneur. De mon côté, j'étais tranquille car j'avais discuté avec le coach avant cette histoire."
Avec la "Nati" vous avez d'ailleurs disputé cinq grandes compétitions internationales entre 2006 et 2018. Qu'est-ce que cela représente à vos yeux?
"C'est quelque chose d'énorme. On a tendance des fois à oublier tout le parcours réalisé pour en arriver-là. Je remercie tous les jours le Seigneur, mes parents et toutes les personnes qui ont cru en moi. Avec du recul, c'est extraordinaire... mais on en veut toujours plus! On est alors obligé de continuer à travailler toujours plus fort."
Quel bilan intermédiaire pouvez-vous dresser de votre carrière?
"Je retiens évidemment le fait d'avoir pu évoluer en Angleterre et d'avoir pu côtoyer de si grands joueurs. C'est quelque chose d'exceptionnel qui restera gravé dans ma mémoire à jamais. Mais apprendre de nouvelles langues, découvrir de nouvelles cultures sont aussi des choses qui seront bénéfiques pour la suite de ma vie."
D'un point de vue footballistique, quels sont vos plus beaux souvenirs? Et les plus gros échecs?
"J'ai beaucoup de bons souvenirs. Par exemple, la victoire avec Arsenal face à Barcelone en Ligue des champions (ndlr: 2-1 en huitième de finale de la Ligue des champions, en 2011) a été un moment magique. A l'inverse, le huitième de finale de la Coupe du monde 2014 perdu avec la Suisse face à l'Argentine (ndlr: défaite 1-0 en prolongations) a été une énorme déception car on aurait mérité mieux sur ce match. Par contre, face à la Suède en 2018, c'était un jour sans..."
Qui dit Argentine dit Messi. Est-ce le joueur qui vous a le plus marqué durant votre carrière?
"Messi et Drogba sont les deux joueurs qui m'ont le plus impressionné. Ce sont deux types de joueurs totalement différents, mais tellement forts!"
Finalement, avez-vous des regrets concernant votre carrière?
"Zéro. Je ne serais pas qui je suis aujourd'hui. Je suis parti très jeune à Arsenal et réussir là-bas a été quelque chose d'exceptionnel. J'ai ensuite fait le choix d'aller un peu plus bas pour jouer davantage et continuer de progresser."
Retrouvez Johan Djourou dans l'émission de Teleclub Sports "L'Heure de Jeu".