Ce dimanche, en remportant le mythique slalom d’Adelboden, le Valaisan Daniel Yule a écrit une nouvelle page de l’histoire du ski alpin suisse. Un résultat forgé par un travail méticuleux et par la volonté de croire en son destin.
Il n’avait pas l’étiquette du skieur talentueux et on ne lui prédisait pas une grande carrière. Pourtant, le skieur du Val Ferret est tout simplement devenu ce dimanche le meilleur slalomeur suisse de l'histoire devant Giovanoli, Zurbriggen et Plaschy.
"C’est incroyable ! Je n'oublierai jamais cette journée", a exulté le Valaisan après sa victoire sur un Chuenisbärgli qui se refusait aux Suisses depuis 2008.
«C’est presque un miracle que je sois skieur»
Un destin que même le principal intéressé n’osait imaginer. Le jeune Valaisan n’était pas ce skieur exceptionnel dont on prédisait une grande carrière. "Quand j'ai vu Daniel pour la première fois sur les skis, j'étais presque sûr qu'il n'aurait jamais de réelle chance en Coupe du Monde", avouait Matteo Joris, coach des slalomeurs helvétiques, qui est revenu dans "Le Nouvelliste" du jour sur la progression de son protégé.
"Daniel a fait un grand pas mental. Il est aujourd’hui très fort à ce niveau. On a aussi énormément travaillé sur le matériel. Beaucoup d’éléments lui ont servi pour atteindre son niveau actuel. Durant sa carrière, il est toujours monté en puissance. D’abord, il a skié entre la 20e et la 30e place. Ensuite entre la 10e et la 20e. Puis pour les places dans le top 10. L’an dernier, on l’a régulièrement retrouvé entre la première et la cinquième place. Il skie désormais pour régulièrement prendre place sur le podium", explique-t-il.
Né en 1993, Daniel Yule n’a pas grandi dans l’obsession de devenir skieur professionnel. "C’est presque un miracle que je sois skieur", disait-il.
De père anglais et de mère écossaise, la priorité à la maison était son cursus professionnel. "Mon père voulait que je me concentre surtout sur l'école, car il pensait que je devais gagner ma vie avec ma tête plutôt qu'avec mes jambes", a expliqué le vainqueur d'Adelboden dans l'émission suisse-allemande "Sportpanorama".
Economie, Chine et réchauffements climatiques
De sa première course de ski à 5 ans lors de l’Open Erika Hess à la Fouly (déclassé pour avoir "oublié" tous les piquets dont il ne comprenait pas l’utilité) à son succès à Adelboden, Daniel Yule a gravi, petit à petit, les échelons pour devenir l'un des meilleurs slalomeurs du monde.
Entre deux entraînements, il obtient son diplôme en économie avant d’ouvrir en 2019 une école de ski en Chine. Amoureux de la montagne, le Valaisan ne reste pas indifférent aux réchauffements climatiques.
L’an dernier, il avait fait don de la moitié de son «prise money» gagné lors des deux courses à Kranjska Gora et Soldeu à une association qui oeuvre pour la protection du climat. "J’ai conscience qu’en tant que skieur en Coupe du monde, je fais autant partie du problème que de la solution. À travers mon geste, l’idée est aussi de faire partie de la solution et pas uniquement du problème. Quand vous avez la chance d’habiter dans le val Ferret ou que vous vous rendez sur les glaciers dans le cadre des entraînements estivaux, vous êtes forcément confrontés de près à la nature. Vous la voyez évoluer. Et je peux confirmer qu’elle a changé", avait-il prononcé.
À 26 ans, c’est donc en toute simplicité que Daniel Yule a marqué son sport et l’histoire d’un pays. Désormais en route pour le globe de cristal, le Valaisan tentera dimanche à Wengen de remporter son troisième slalom d'affilée après avoir pris part ce mercredi à un slalom exhibition à Crans-Montana.