Voitures autonomes... ou presque Si tu ne viens pas à ta Tesla, ta Tesla ira à toi

AFP

11.10.2019 - 08:07

Roddie Hasan adore sa Tesla, mais après une frayeur sur un parking il n'est pas près de réutiliser la nouvelle fonction «Smart Summon», qui permet de faire venir sa voiture à soi, sans personne au volant.

Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme, qui a promis des voitures complètement autonomes pour 2020, offre depuis septembre la possibilité, en utilisant son smartphone comme télécommande, de «convoquer» la voiture qui vient à son propriétaire comme pilotée par un voiturier invisible.

Roddie Hasan a testé l'option un soir, en sortant d'une pizzeria. Sa voiture est sortie toute seule de son emplacement, puis est venue vers lui, doucement. Mais à l'intersection dans une allée du parking, un SUV a dû piler net pour éviter la collision.



«Au final, je ne sais pas si ma voiture s'est arrêtée toute seule ou si c'est moi qui l'ai arrêtée, quand j'ai enlevé le doigt du bouton dans l'application», raconte l'informaticien, précisant qu'il n'avait pas quitté sa voiture des yeux, conformément aux instructions du constructeur.

«Je réessaierai dans un mois ou deux, pour l'instant je n'ai pas envie de faire peur à d'autres personnes», ajoute-t-il.

La vidéo de l'incident qu'il a postée sur Twitter a été très largement commentée par les critiques de Tesla et par les fans inconditionnels de la marque, qui accusent Roddie de négligence. Sans compter les internautes qui ne voient pas l'utilité de faire venir sa voiture plutôt que de marcher.

«Pratique avec les enfants»

«Quand on met un produit de cette nature à disposition du public, il devrait fonctionner sans problèmes», commente Dan Edmunds, directeur des tests automobiles chez Edmunds.com.

«C'est comme si on utilisait les membres du public comme des ingénieurs-testeurs. Pour une appli de téléphone, ça passe, mais pour une voiture qui va circuler au milieu des autres véhicules, et des piétons... C'est inimaginable pour moi».

Tesla n'a pas répondu aux requêtes de l'AFP pour s'exprimer à ce sujet.

«Plus de 550.000 utilisations de Smart Summon !«, s'est félicité Elon Musk sur Twitter le 2 octobre dernier, moins d'une semaine après la mise à jour.

En avril le patron fondateur du groupe a annoncé «avec un grand degré de certitude» le lancement dès 2020 d'une plateforme de réservation de «+robots-taxis+ autonomes». Comme Uber, mais sans les chauffeurs.

La fonctionnalité «Smart Summon» constitue une avancée vers le «niveau 5» de la conduite autonome (sans présence d'un humain). Actuellement, les Tesla atteignent le «niveau 4 «(la voiture conduit seule mais un humain est présent pour reprendre la main si nécessaire) – seulement sur l'autoroute, grâce au mode «Autopilot».

«Cette option a changé ma vie au quotidien», s'enthousiasme John Stringer, président du club des propriétaires de Tesla de la Silicon Valley. «Après une longue journée au boulot, je peux me détendre dans la voiture, au lieu d'arriver encore stressé chez moi».

Comme de nombreux autres conducteurs, il n'a eu aucun problème avec le Smart Summon, «pratique avec les enfants ou quand il pleut et qu'on a des sacs».

Horizon incertain

«C'est assez extraordinaire que la mise à jour soit installée sur des véhicules déjà sur le marché, aucune autre marque ne sait le faire», note Xavier Mosquet, spécialiste automobile du cabinet de conseil BCG. Mais l'échéance de 2020 «ne laisse pas beaucoup de temps pour arriver à l'autonomie complète».

Selon l'analyste, l'industrie est devenue prudente, après une phase optimiste, où l'on prédisait l'autonomie totale pour... 2019.

Les grands constructeurs, en concurrence avec Uber ou Waymo (Alphabet/Google), ont quasiment tous des voitures sans conducteur dans les tuyaux. Mais l'horizon de mise en service a été reculé à 2022-2023 ou encore plus tard.

«Je reste persuadé que le +niveau 5+ complet sera très long à atteindre, notamment en cas d'intempéries», analyse Xavier Mosquet.

Les équipements coûtent très cher, et les capteurs (caméras, radars, lidars...) peinent encore à fournir au véhicule des informations fiables et utiles quand les conditions météo ne sont pas optimales.

«Même quand la technologie sera prête, il restera la question de la régulation, car nous n'avons pas de loi fédérale sur les véhicules autonomes», rappelle David Whiston, analyste de Morningstar.

Le logiciel Autopilot de Tesla a été impliqué dans plusieurs accidents. Un organisme fédéral américain a récemment établi que la dépendance excessive d'un conducteur au logiciel avait causé l'encastrement, en janvier 2018, de sa voiture contre un camion de pompiers à l'arrêt.

Il avait reçu de nombreuses alertes du logiciel pour remettre ses mains sur le volant.

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