Interview Marie Fontannaz: «Les gens qui regardent mes achats se trompent de personne!»

Anna Décosterd/AllTheContent

23.11.2018

Marie Fontannaz est une jeune actrice suisse qui monte.
Marie Fontannaz est une jeune actrice suisse qui monte.
RTS

Dans «BIP», la nouvelle web série de la RTS traversée par la poésie du quotidien, la comédienne Marie Fontannaz interprète la jolie caissière au regard tendre et lumineux qui imagine la vie de ses clients en observant leur allure et leurs achats.

Elle a le regard intense de ceux qui aiment passionnément observer et deviner la vie des autres, et le sourire heureux des gens qui apprécient la vie à chaque instant. Marie Fontannaz, jeune actrice suisse qui monte, s’est formée au théâtre, au cinéma et au chant, trois domaines qu’elle juge totalement complémentaires dans son métier d’actrice, et qu’elle exerce simultanément ou exclusivement suivant les rôles. Pour «Bluewin», entretien plein d’émotions juste après la projection en avant-première de «BIP», la websérie de la RTS, qu’elle visionnait sur grand écran pour la première fois.

Dans la série, vous observez vos clients et leurs achats à la caisse du supermarché, et imaginez leur vie à partir de quelques détails. Vous reconnaissez-vous dans le personnage?

Mais complètement! Je passe ma vie à observer les autres et à me faire des films à partir d’une expression ou d’un bout de conversation saisie au vol dans un café, un marché, la rue, enfin, n’importe quel endroit plein de monde. (rires).

«Je connais bien ce sentiment d’être transparente aux yeux des clients...»

Cela vous rappelle-t-il des expériences personnelles, des moments vécus dans un job d’étudiante par exemple?

Bien sûr. Lorsque j’étais étudiante, j’avais un job de vendeuse en textile, dans une boutique plutôt haut de gamme. Je connais bien ce sentiment d’être transparente aux yeux des clients, comme si ma vie se résumait à mon activité, et leur étonnement lorsqu’ils apercevaient un livre posé à côté de ma caisse. En jouant dans «BIP», j’ai eu beaucoup de plaisir à proposer au public un autre regard sur le métier de caissière, qui n’est pas forcément un cul-de-sac professionnel, une sorte de passage obligé lorsque l’on a raté tout le reste.

«Tout d’abord, on m’imagine végétarienne, ce que je ne suis pas.»

Vous demandez-vous parfois ce que les autres clients pensent de vos courses, lorsque vous les posez à la caisse?

Parfois, oui. Et je crois que les gens qui regardent mes achats se trompent de personne! Tout d’abord, on m’imagine végétarienne, ce que je ne suis pas. J’adore la viande, mais je ne la consomme que rarement, et la plupart du temps au restaurant ou chez des amis. Et voilà une première erreur! Ensuite, parce que j’essaie de consommer avec une certaine éthique, en choisissant des produits locaux, forcément un peu plus chers. On peut donc facilement en déduire que j’ai une vie plutôt stable, avec un gros salaire et un bel appartement bourgeois… alors que le métier de comédienne est loin de la stabilité et que même si j’ai un appartement que j’adore, je peux vous dire que c’est une croûte! (rires)

Vous avez suivi un stage de cinéma à Los Angeles: pouvez-vous nous raconter ce que cette expérience vous a apporté?

Ce stage m’a appris énormément de choses! C’était fascinant, parce que c’est une manière d’apprendre et de jouer totalement différente. C’est très important d’assumer, de s’affirmer. Personne ne trouvera étrange que vous proclamiez «je suis une actrice» à la face du monde. Ce n’est pas tout à fait la même chose en Suisse. Et puis, les Américains sont de gros bosseurs. En fait, je peux dire qu’ils travaillent tout le temps. Chaque occasion est bonne pour répéter un rôle, se mettre en situation. J’y ai appris que le tournage n’est que la pointe de l’iceberg dans un travail d’acteur, et qu’un rôle se prépare surtout en amont, en se concentrant, en rentrant dans sa bulle pour donner le meilleur de soi-même au moment voulu.

Vous avez grandi à Attalens: comment fait-on pour devenir comédienne lorsqu’on vient d’un petit village en Suisse?

En faisant du théâtre. J’étais plutôt timide enfant, et mes parents, qui font eux-mêmes du théâtre amateur, m’ont inscrite dans un cours. Ado, j’ai hésité entre médecine et théâtre, et finalement, je me suis rendu compte que lorsque je jouais, je me sentais à ma place. J’avais trouvé ma voie.

«BIP», la nouvelle websérie de la RTS traversée par la poésie du quotidien.
«BIP», la nouvelle websérie de la RTS traversée par la poésie du quotidien.
RTS

«Je suis toujours déçue lorsque sur un tournage, on me dit «tu peux venir avec tes propres vêtements»»

Ce que vous appréciez particulièrement dans le métier de comédienne?

Pouvoir me déguiser, exactement comme lorsque j’étais enfant (rires). Je suis toujours déçue lorsque sur un tournage, on me dit «tu peux venir avec tes propres vêtements». Moi, je n’ai pas envie de jouer Marie, j’ai envie de jouer un personnage, rentrer dans ses vêtements, sa vie, aller mettre mes mains dans le cambouis et enfiler une salopette si je dois jouer une garagiste!

Votre rêve le plus fou, celui que vous faites le soir, en fermant les yeux, juste avant de vous endormir?

Je rêve de cinéma! Et plus précisément de jouer une chanteuse et de chanter dans un film, Un peu comme dans «Lalaland», ou encore «Alabama Monroe», l’un de mes films préférés. J’adore chanter.

Dernière question: que conseilleriez-vous à une jeune fille de 15 ans qui aurait envie de suivre vos traces?

De se donner la chance d’essayer, tout simplement. De ne pas se décourager, de suivre son intuition, ses envies, la voix de son coeur. Avec beaucoup de travail, tout est possible.

«BIP» est à découvrir sur le site de la RTS et aussi sur Play RTS.

En Suisse, on crée aussi des web-séries!

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