Archives Nelson Monfort: «Il m'a embrassé sur la bouche!»

De Caroline Libbrecht/AllTheContent

12.8.2020

Nelson Monfort a commencé sa carrière en 1984.
Nelson Monfort a commencé sa carrière en 1984.
Thomas Laisné

C'était en novembre 2014: Nelson Monfort, véritable légende du journalisme sportif, répondait aux questions de «Bluewin».

ARCHIVES. Abonné aux courts de tennis, aux bassins de natation et aux pistes d'athlétisme, Nelson Monfort est de tous les événements sportifs. Il est devenu un commentateur emblématique de France Télévisions... Quitte à voler parfois la vedette aux athlètes!

Votre mère est néerlandaise, votre père est américain. Avez-vous hérité de vos parents votre passion des langues?

Oui, dès le plus jeune âge, j’ai parlé anglais en famille. Mes parents parlaient anglais entre eux et je parlais anglais avec eux. Jeune, je suis d’ailleurs parti vivre pendant un an à San Francisco pour travailler dans le monde de la finance, sur les traces de mon père, banquier international. Quant à ma passion du sport, elle est venue par atavisme familial: mon père m’a enseigné la pratique et l’esprit du sport. Le golf, le tennis, le ski… Ce sont des sports qui accompagnent ma vie!

De là votre envie de faire du journalisme sportif. Est-ce dur d’entrer dans ce milieu?

La réponse est dans la question, surtout que je ne connaissais personne. Mes parents n’étaient pas du tout dans le milieu du journalisme, mais ils avaient l’amour du sport. Je pense avoir réussi un beau parcours sur France Télévisions, car j’y ai toujours cru. J’ai fait d’heureuses rencontres. Ayant été fils unique, j’ai toujours aimé aller à la rencontre des gens. Certains de mes amis sont comme des frères, pour moi!

Comment votre carrière a-t-elle commencé?

Mes premiers contacts aux Jeux olympiques de Barcelone, en 1992, m’ont permis de côtoyer l’élite mondiale de l’athlétisme. Carl Lewis est alors venu plusieurs fois à mon micro! Ce sont des moments que je garde précieusement dans la tête et dans le cœur.

«Je me considère comme un passeur d’émotions»

Comment avez-vous fait pour cultiver cette complicité avec certains sportifs?

Il y a deux tennismen – et non des moindres –- qui m’ont cité dans leurs livres de souvenirs: John McEnroe et Michael Chang, grâce à tous les contacts que j’ai eus avec eux tout au long de leurs carrières. Ce sont des choses qui font très plaisir! J’ai une autre anecdote… Le nageur français Yannick Agnel, en sortant de l’eau aux JO de Londres, à la fin du 4 x 100 mètres, m’a soufflé à l’oreille: «Tu es notre cinquième relayeur». Ces mots justifient tout ce que j’essaie de faire.

Votre travail ne se passe pas seulement devant la caméra. Le travail de préparation, en amont, est-il aussi essentiel?

C’est très important. L’interview, c’est le sommet de l’iceberg. L’interview peut être réussie ou ratée, avant même la première question: c’est une façon de regarder, d’accueillir, d’être bienveillant. J’assiste aux séries du matin, aux épreuves, même si les caméras sont éteintes. Tout cela fait que, le soir venu, les sportifs s’en souviennent, et cela fait chaud au cœur.

D’ailleurs, que s’est-il passé avec le nageur Amaury Leveaux?

Aux championnats d’Europe indoor à Rijeka, en Croatie, en 2008, Amaury Leveaux avait fait un pari avec ses coéquipiers… Ce jour-là, il volait sur l’eau! Lors de l’interview, il m’a demandé de fermer les yeux… et il m’a embrassé sur la bouche! Cela a été repris dans le zapping…

Vous êtes un habitué du zapping… Comme avec Camille Lacourt, dont vous avez révélé la date du mariage!

Ce n’était pas calculé, c’était spontané… Sur le coup, je me suis dit «Oh, je n’aurais jamais dû…» et finalement, je m’en souviens en souriant. D’ailleurs, Camille Lacourt ne m’en a pas du tout voulu. Il faut dire que les bans étaient déjà publiés!

«Dire que nous sommes machos, c’est complètement ridicule»

Vous interviewez souvent des sportifs étrangers en anglais. Est-ce parfois difficile de faire ces interviews en anglais en direct?

Souvenez-vous de Michael Chang qui remerciait Jésus et, en traduisant l’interview en direct, j’ai dit qu’il remerciait Luigi. Mais imaginez le boucan du diable sur le court central de Roland-Garros, à ce moment-là! Il y avait un monde fou, il y a du stress, dans ces moments-là. Ensuite, cela devient quelque chose de très drôle! On revoit la séquence en souriant…

Vous êtes parfois accusé de misogynie, lorsque vous commentez le patinage artistique avec Philippe Candeloro. Comment répondez-vous à ces critiques?

Franchement, c’est tellement faux! Philippe et moi, on a un point commun: on est mariés et pères de filles. Lui en a trois, et moi deux (Isaure, journaliste, et Victoria, comédienne, NDLR). Dire que nous sommes machos, c’est complètement ridicule. Tout cela fait partie des réseaux sociaux, que j’ai tendance à appeler les «fléaux» sociaux… Je tiens toujours compte des critiques quand elles sont constructives, mais je n’en tiens pas compte quand elles sont malveillantes.

Que pensez-vous de vos caricatures, notamment de l’imitation de Nicolas Canteloup et de votre marionnette des Guignols de l’info, sur Canal +?

Je les prends avec autodérision et bienveillance. Je n’ai aucun problème avec ça, peut-être grâce à mes origines anglo-américaines!

On vous voit devant le patinage artistique, le tennis, l’athlétisme, la natation… Quelles sont les disciplines où vous vous sentez le plus à l’aise?

Je ne me considère pas comme un technicien du sport. Je me considère comme un passeur d’émotions. Les gens sentent que je suis proche d’eux. Tant que j’aurai l’estime des téléspectateurs et des sportifs, je continuerai à donner ces émotions… Et cela suffit largement à mon bonheur. Mais je vous avoue qu’en hiver, quand je commente le patinage avec Philippe Candeloro, on passe de très très bons moments!

Y a-t-il des sportifs suisses que vous suivez particulièrement?

Ce serait facile de vous parler de Roger Federer, bien sûr! Il y a un patineur suisse que j’aime beaucoup: c’est le très talentueux Stéphane Lambiel. Il m’a manifesté beaucoup d’amitié. Malheureusement, il a arrêté la compétition. J’aime beaucoup la Suisse, pays que je connais bien pour y avoir fait une partie de mes études, à l’Institut Le Rosey.

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