L'assouplissement des mesures visant à contenir le coronavirus devrait s'accompagner du port généralisé du masque, estime une majorité de Suisses. C'est ce qui ressort d'un sondage publié lundi dans les journaux de Tamedia.
Six sondés sur dix sont favorables à ce que le port du masque soit obligatoire dans l'espace public dès qu'un nombre suffisant de masques de protection sera disponible. L'obligation obtient une majorité auprès des sympathisants de tous les partis.
Si le Conseil fédéral devait recommander le port du masque, la population devrait se munir de masques certifiés. Lors d'un point de presse lundi, Patrick Mathys, le chef de la section Gestion de crise et collaboration internationale de l'Office fédéral de la santé publique, s'est opposé aux masques fabriqués à la maison.
A l'heure actuelle, la fourniture de masques est «une catastrophe», a déclaré lundi Fabian Vaucher, président de pharmaSuisse, dans une prise de position. De nombreuses pharmacies et drogueries ne disposent même pas de matériel pour leur propre usage. Ni le personnel, ni les clients à risques ne peuvent donc être protégés de manière adéquate.
Les responsabilités dans la distribution des masques ne sont absolument pas claires. «Depuis des semaines, on nous renvoie avec nos demandes de A à B et inversement», déplore M. Vaucher. «Nous exigeons aujourd'hui que les besoins des pharmacies et des drogueries soient assurés par la Confédération. Et une stratégie claire sur la façon dont les personnes vulnérables devraient se procurer des masques».
Environ 23 millions de masques
La demande en masques est là, souligne le président de pharmaSuisse, même si la Confédération n'a pas encore recommandé leur port pour la population en bonne santé. Si les directives du Conseil fédéral devaient changer, la demande monterait certainement en flèche. En conséquence, les pharmacies et les drogueries doivent être approvisionnées en masques très rapidement, exige Fabian Vaucher.
La Confédération et les cantons disposaient au 16 avril d'environ 23 millions de masques, dont 21 millions de masques d'hygiène, indique à Keystone-ATS le porte-parole de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) Grégoire Gogniat. Depuis la mi-mars, la pharmacie de l'armée a pour mission de se procurer le matériel médical rare destiné aux professionnels de la santé.
Le Conseil fédéral veut acheter du matériel sanitaire pour 2,45 milliards de francs. Plus de 61,8 millions de masques d'hygiène sont prévus pour le personnel soignant (74,3 millions de francs) et autant de masques FFP pour les infirmiers (495 millions).
Par ailleurs, 330 millions de masques d'hygiène pour la population (396 millions de francs) ainsi que 99 millions de masques pour les personnes qui travaillent (198 millions de francs) doivent être acquis. Gants, désinfectants, tabliers, vêtements de protection, appareils respiratoires, kits de prélèvement et de test ou vaccins sont également sur la liste d'achat de la Confédération.
Obligation de vacciner
Selon le sondage de Tamedia, trois quarts des personnes interrogées sont par ailleurs favorables ou plutôt favorables à une obligation de vacciner une fois qu'un vaccin sera disponible. Une écrasante majorité (83%) a confiance dans l'action du Conseil fédéral.
Deux tiers des sondés (65%) estime en outre que les mesures prises par la Confédération ne causent pas des dommages trop élevés à l'économie par rapport à leur effet bénéfique sur la situation sanitaire. ll se dessine toutefois un certain Röstigraben, ce chiffre étant plus faible en Suisse alémanique (55%) qu'en Suisse romande (69%) et au Tessin (67%).
Les activités sociales manquent
Les Alémaniques sont également majoritairement (61%) favorables à un retour à la normale immédiat ou progressif alors que les Romands un peu moins (47%). A noter que le sondage a été réalisé avant l'annonce des mesures de déconfinement du Conseil fédéral.
Un Röstigraben se dessine également dans le perception de la maladie. Alors qu'une majorité de Suisses romands (58%) et de Tessinois (59%) craignent de tomber malades, cette crainte n'affecte que deux Alémaniques sur cinq.
Finalement, pour les sondés, devoir renoncer aux activités sociales est la conséquence la plus lourde de la situation (46%), loin devant les répercutions pour la santé (11%).
Le sondage a été réalisé le 15 avril auprès de 40'835 personnes issues des trois régions linguitiques sur les sites des journaux de Tamedia et de 20 minutes. Les réponses ont été pondérées par des variables démographiques et géographiques. La marge d'erreur est de +/- 1 point de pourcentage.
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