Pandémie Coronavirus: les tests sont-ils fiables?

dpa/tsha

6.5.2020

La fiabilité des tests est sujette à controverse.
La fiabilité des tests est sujette à controverse.
Keystone

Combien de personnes ont déjà été infectées par le coronavirus et sont – du moins très probablement – immunisées? C’est une question passionnante. Mais il n’est pas facile d’y répondre: les analyses sont semées d’embûches.

Tout le monde s’intéresse aux chiffres des infections au coronavirus. Mais on sait également qu’il existe un nombre considérable de cas non signalés. Des tests pourraient apporter des éclairages, même s’ils doivent être utilisés avec prudence.



La fiabilité d’un test est indiquée par les fabricants par le biais de valeurs de spécificité et de sensibilité. La sensibilité représente le taux de détection, c’est-à-dire le pourcentage d’infections effectivement détectées chez des individus. Un test d’une sensibilité de 95% identifie 95 infections sur 100 et en manque 5.

Le test Elecsys Anti-SARS-CoV-2 mis au point par Roche offre une sensibilité de 100%, selon les données communiquées par la société. Christoph Franz, président du conseil d’administration de Roche, établie à Penzberg (Allemagne), a évoqué ce lundi un «nouveau degré de qualité».

La spécificité se rapporte au nombre d’individus sains qui ne sont pas ou n’ont pas été infectés par le virus et qui sont effectivement reconnus comme étant sains par le test. Ainsi, un test avec une spécificité de 95% donne un résultat faussement positif chez 5 personnes non infectées sur 100.

Pour Elecsys Anti-SARS-CoV-2, Roche indique une spécificité de 99,8%. Avec une sensibilité élevée et une spécificité faible, il peut y avoir de nombreux faux positifs.



Par ailleurs, dans le cadre des tests, il convient de faire la différence entre la détection du génome du virus SARS-CoV-2 et la recherche d’anticorps spécifiques développés par le patient après avoir été infecté par ce virus.

Selon les données fournies par l’institut allemand Robert-Koch, pour les infections actuelles, le coronavirus est détecté par le biais de la biologie moléculaire, par exemple en recherchant le génome du virus dans un prélèvement de gorge (RT-PCR).

L’intervalle entre la contamination et le test est décisif

«Jusqu’à présent, plusieurs systèmes de test différents ont été développés, chacun d’entre eux reconnaissant des segments de gènes spécifiques de l’agent pathogène», explique l’Office bavarois pour la santé et la sécurité alimentaire, qui précise que la spécificité et la sensibilité dépendent notamment du segment de gène utilisé ou de la combinaison de segments de gènes – mais aussi des réactifs de diagnostic par RT-PCR employés.

Par conséquent, les laboratoires travaillent avec différents systèmes de test et se procurent le matériel nécessaire de leur propre chef.

Les tests de détection d’anticorps spécifiques au SARS-CoV-2 dans le sang ainsi que le test Elecsys Anti-SARS-CoV-2 mis au point par Roche ne jouent pas de rôle dans le diagnostic d’une infection aiguë, étant donné que selon les données fournies par l’institut Robert-Koch, sept jours environ s’écoulent entre l’apparition des symptômes et la détectabilité des anticorps spécifiques, voire plus dans certains cas.

L’intervalle entre la contamination et le test est donc décisif, comme l’explique également Antonia Zapf, de l’Institut de biométrie médicale et d’épidémiologie du Centre médical universitaire de Hambourg-Eppendorf (Allemagne). Plus cet intervalle est long, plus la probabilité que la RT-PCR soit positive est faible – et plus la probabilité que le test sérologique soit positif est grande, ajoute-t-elle.



Le problème des résultats erronés

La situation devient problématique en cas de résultats dits faussement positifs ou faussement négatifs. Pour simplifier, si le résultat affiché ne correspond pas à la réalité. Les conséquences sont différentes selon qu’il s’agit de détecter le virus par RT-PCR ou de rechercher des anticorps.

Dans le cas de la RT-PCR, indique Antonia Zapf, les faux négatifs ont les conséquences les plus fatales dans la mesure où des individus testés sont alors classés comme étant sains alors même qu’ils sont infectés. «Ainsi, les gens sortent et peuvent infecter d’autres personnes», précise la professeure.

En cas de faux positif, poursuit-elle, l’individu et les personnes avec lesquelles il est entré en contact doivent être mis en quarantaine, une mesure qui s’avère inutile. Mais s’il subsiste un doute, concède-t-elle, il s’agit d’un moindre mal du point de vue de la société dans son ensemble.

En revanche, estime-t-elle, les conséquences d’un faux positif sont plus graves dans le cas du test sérologique, dans la mesure où l’individu se croit alors en sécurité – à tort – et est susceptible de ne plus respecter les règles d’hygiène et les mesures barrières, par exemple.

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