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«Bötschi questionne» Nadine Strittmatter: «Nous, les femmes, ne devrions pas le dévoiler»
Bruno Bötschi
14.4.2020
Elle est le mannequin ayant le plus de succès en Suisse depuis presque 20 ans. L’occasion d’un entretien en compagnie de Nadine Strittmatter pour parler de vieillesse, du débat sur le sexisme avec le mouvement #MeToo et d'un complexe d'infériorité helvétique qui l'irrite passablement.
Il est 10 heures samedi matin au restaurant Volkshaus à Zurich autour d'un café en compagnie de Nadine Strittmatter. C'est la top-modèle qui n'en est en fait pas une. Ses collègues la surnommaient autrefois «alien». L'Argovienne de 34 ans ne s'est pas laissé abattre car «elle savait qu'elle est différente».
La top-modèle est ponctuelle à la minute près, même si ses journées sont plutôt stressantes en ce moment avec d'abord la Semaine de la mode de Paris suivi d'un engagement à Düsseldorf.
Nadine Strittmatter s'assied, elle éteint son portable, commande un cappuccino et nous pouvons alors débuter avec les questions.
Madame Strittmatter, nous allons nous livrer aujourd’hui au jeu des questions-réponses: je vais vous poser un maximum de questions auxquelles vous devez répondre le plus rapidement et spontanément possible au cours des prochaines 45 minutes. Si l’une des questions ne vous convient pas, dites simplement «Je passe».
Passe, passe, passe (elle rit).
Los Angeles ou Zurich?
Aucune des deux villes, tant qu'à faire je choisirais Paris. Cette ville est ma patrie spirituelle. C'est là que je me sens le mieux. J'habite certes à Los Angeles depuis deux ans, mais j'ai gardé mon appartement à Paris. J'y travaille encore régulièrement.
Karl Lagerfeld ou Jean-Paul Gaultier?
Lagerfeld. J'ai collaboré très souvent avec Karl mais seulement à deux reprises jusqu'à présent avec Gaultier.
Qu'est-ce qui rendait Karl Lagerfeld, disparu le 19 février 2019, si spécial?
Karl était un intellectuel. Il était de nature très curieuse, il connaissait bien plus de choses que simplement la mode. Il ne vivait jamais seulement dans ce microcosme de la mode comme beaucoup d'autres le font, c'était vraiment un homme doté d'un esprit brillant.
Quel hobby d'adolescente pratiquez-vous encore aujourd'hui?
L'équitation. Même si cela paraît ennuyant, c'est la stricte vérité. J'ai participé à des concours de saut d'obstacles dans le passé, mais je ne le fais cependant plus depuis longtemps.
Une petite fille, des chevaux, était-ce une aventure?
Mes parents ont toujours possédé des chevaux. J'en ai monté un la première fois à six ans. Une aventure? Non, je connais bien les chevaux depuis que je suis toute petite.
Quand était-ce la dernière fois que vous êtes montée à cheval?
J'ai passé quelques semaines en Mongolie durant l'été 2019. J'ai pu apprendre à jouer au polo. Un de mes amis possède un camp où l'équipe nationale mongole vient s'entraîner. Je trouve personnellement que ce sport est une sorte de hockey sur glace à cheval, donc quelque chose de plutôt compliqué à pratiquer.
Est-ce bien exact que vos camarades d'école primaire vous surnommaient «asperge» et «allumette»?
C'est vrai. Cela m'a beaucoup offensé au début. J'étais plutôt une marginale durant ma scolarité.
Comment avez-vous géré ces attaques verbales?
Je suis restée jusqu'à présent une personne craintive. Ma mère m'a heureusement toujours soutenue. Elle disait: «Tu es belle si tu t'acceptes telle que tu es». Ces paroles m'ont beaucoup aidée et j'ai ainsi appris à sortir de ma zone de confort.
Faisons le point de la situation: tout va bien. Le journaliste se réjouit de l'excellente qualité de discussion et de réflexion exprimée presque immédiatement après le début de l'entretien. C'est un vrai plaisir.
Vous trouvez-vous belle?
Tout dépend des jours.
Comment vous trouviez-vous ce matin?
Je n'y ai pas encore pensé, j'ai regardé dans le miroir ce matin et accepté l'image qu'il me renvoyait (elle rit).
En vous présentant auprès d'une agence de mannequins à Londres lorsque vous aviez 17 ans, le responsable vous aurait dit: «Tu n'es pas assez bien pour nous». Et un chef d'agence à Paris vous a déclaré peu de temps après que vous devriez d'abord faire opérer vos lèvres asymétriques.
Je savais au fond de moi que je pourrais avoir du succès en tant que mannequin. Rien ne m'a fait dévier de mon objectif, pas même ces critiques négatives. J'ai senti intérieurement que je pouvais y arriver, si bien que les remarques de ces personnes à mon encontre m'étaient complètement égales.
Qu'y a-t-il donc de si beau dans le mannequinat?
Ai-je un jour déclaré que travailler comme modèle était quelque chose de beau?
Je n'ai pas dit cela.
Le beau côté de la profession est le fait de pouvoir travailler avec des gens créatifs et de beaucoup voyager, ce qui n'empêche pas le mannequinat d'avoir aussi des inconvénients.
Lesquels?
Il faut souvent attendre une éternité pour recevoir l'argent de ses engagements. Les modèles ne sont pas syndiqués.
Vous travaillez depuis presque 20 ans en tant que modèle. Cette profession, est-elle restée celle de vos rêves?
Comme je l'ai déclaré, j'aime collaborer avec des personnes créatives. Et mes engagements comme modèle servent à payer mes factures. Cela ne va certainement plus se prolonger éternellement. On peut toutefois constater actuellement une tendance à engager des mannequins plus âgés, ce que j'apprécie beaucoup.
N'est-ce pas un problème que votre père vous voie souvent en lingerie?
Je ne pense pas qu'il regarde de trop près à chaque fois (elle rit).
Quelle est la partie la plus éprouvante dans votre métier?
Je n'ai pas de revenu mensuel fixe à la différence d'un employé permanent. Je ne sais souvent qu'à la dernière minute si j'obtiendrai ou non un engagement. Il faut constamment se battre en tant que modèle, c'est fatiguant.
Êtes-vous d'accord avec la thèse affirmant que le culte du mannequinat appartient un peu au passé?
Il est complètement dépassé, oui.
Vous avez déclaré un jour que les top-modèles étaient des cintres sur pattes?
Je maintiens toujours cette déclaration, de nombreux modèles sont, honnêtement parlant, remplaçables, mis à part les très bons.
Êtes-vous une bonne top-modèle?
Je l'espère.
Strittmatter rit, non, elle s'esclaffe. Elle a l'air d'aimer plaisanter d'elle-même. Et tant mieux.
Que sont les influenceurs?
Je ne suis en aucun cas une influenceuse. Il faudrait pour cela que je poste beaucoup plus de selfies sur mon compte Instagram . Les influenceuses sont pour moi une combinaison entre une modèle et une journaliste de mode, sans être pour autant exactement les deux.
Trouvez-vous les influenceuses passionnantes?
Elles ont lutté pour se faire une place dans le monde de la mode et ont un fort succès à l'heure actuelle. Ce n'est pourtant pas le métier de mes rêves.
Est-il bien vrai que vous ne faites pas autant d'histoires que les autres modèles et que vous êtes toujours ponctuelle, raison pour laquelle vous pouvez également exercer avec succès dans le business du mannequinat depuis presque 20 ans?
Concernant la ponctualité, on ne peut pas dire que mes traits de caractère soient particulièrement suisses. Il peut arriver que j'aie dix minutes, un quart d'heure de retard à un rendez-vous. Le temps des modèles qui faisaient toutes sortes d'histoires est certainement bel et bien révolu. Dramatiser les situations est seulement éprouvant. Ou souhaitez-vous travailler avec quelqu'un qui fait en permanence des histoires? Je pense que vous préférez aussi travailler avec une personne éprouvant de la joie dans sa profession, la plupart du temps facile à vivre et avec qui vous vous entendez bien.
Les Suisses sont-ils maintenant plutôt appréciés ou mal-aimés à l'étranger?
Mon père m'a accompagnée ce matin en voiture à Zurich. Nous avons parlé durant le trajet de la réputation des Helvètes et avons constaté qu'à chaque fois que l'on indique être Suissesse ou Suisse à l'étranger, votre interlocuteur pense d'abord à l'argent ...
... et aux banques et aux vaches.
Aussi (elle rit).
Quel complexe d'infériorité typiquement suisse vous irrite passablement?
Les Suisses veulent toujours plaire à tout le monde.
Quel est votre tarif journalier actuel en tant que modèle?
Je passe.
Vous avez déclaré dans une interview que vous ne parleriez de vos revenus qu'avec les bonnes personnes: qui sont donc les «bonnes personnes»?
Quand ai-je dit cela? Il y a 15 ans?
Il y a dix ans.
Et vous voulez donc maintenant être cette bonne personne? D'accord, vous êtes la bonne personne (elle rit).
Et sérieusement?
J'ai également parlé de mes finances ce matin en voiture avec mon père. Et je parle évidemment aussi de mon salaire avec mon agent.
Vous souvenez-vous du tout premier titre de presse qui vous était consacré?
Je me rappelle que ma grand-mère a découpé l'article. Elle était super fière de moi. Je ne me souviens par contre plus exactement des mots employés.
Le titre était le suivant: «L'Argovie entre dans la mode».
Euh, l'Argovie n'est pourtant pas devenue à la mode, ou bien?
Quel est le plus bel endroit du canton d'Argovie?
Dans la forêt derrière la maison de mes parents.
Que voudriez-vous encore me montrer dans votre canton d'origine si nous disposions d'une journée entière?
J'ai quitté l'Argovie à 16 ans déjà si bien que mes racines ne sont pas profondément ancrées dans ce canton. Je monterais à cheval avec vous en parcourant la forêt, et nous pourrions ensuite faire une pause dans une cabane en forêt et griller une saucisse. Je trouverais ça cool.
Le journaliste ne trouverait pas l'idée aussi cool. Pourquoi? Il ne consomme pratiquement plus de viande. Mais il y a bien pire: il n'est monté qu'une seule fois à cheval, sur un petit cheval.
Quelle fleur va le mieux dans vos cheveux?
L'edelweiss.
Quelle partie de votre corps vous paraît étrangère jusqu'à présent?
Mon cerveau (elle rit).
Quand et où avez-vous vu un homme nu pour la première fois?
Dans une quelconque brochure.
Le film au cinéma durant lequel vous avez échangé votre premier baiser?
Je ne sais plus.
Où préférez-vous aller: chez le médecin ou le coiffeur?
Chez le médecin.
Que pensez-vous en principe des opérations de chirurgie esthétique?
Rien du tout.
Quels conseils donneriez-vous à une amie souhaitant une augmentation mammaire?
Que pourrais-je dire de plus à ce sujet? Il s'agirait de sa décision.
Est-ce sérieux que les femmes parlent des fesses des hommes lorsqu'elles sont aux toilettes?
Je ne parle pas de fesses.
De quoi parlez-vous aux toilettes?
C'est un secret que nous, les femmes, ne devrions pas dévoiler (elle rit).
Qui doit être présent pour que le «Kaffeekränzchen» soit parfait?
Toutes mes amies.
L'odeur typique d'un plat chez vous?
Je ne suis pas bonne cuisinière, mais il se dégage parfois une odeur de toast à l'avocat (elle rit).
Votre espace de détente favori sur terre?
J'effectue mon programme de bien-être plutôt chez moi, en méditant, en dormant beaucoup et en buvant parfois un verre de vin.
Votre position pour vous endormir?
Je crois que c'est sur le dos.
Vous avez mal au dos?
Non.
Yeux, poitrine et fesses – quel est l’ordre des critères selon lesquels vous êtes jugée?
Je n'en ai aucune idée, tout ce que je peux dire, ce sont les yeux que je regarde en premier chez une personne.
Et après?
Probablement les fesses.
Votre définition d’une belle poitrine?
Il ne faut pas trop augmenter le volume, à savoir elle ne doit pas être trop artificielle.
Heidi Klum a donné un nom à ses seins, vous aussi?
Non. Je préfère ne pas être traitée comme un objet.
À quoi un homme reconnaît-il que vous êtes amoureuse?
Il ne le décèle pas.
Je suppose qu'il n'est pas évident d'avoir une vie privée normale lorsque l'on est en permanence en déplacement?
Pour être honnête, je ne suis pas tant en déplacement que cela. J'essaie en outre de grouper mes échéances le plus souvent possible. Le fait de ne simplement pas évoquer ma vie privée dans les interviews ne signifie pas pour autant que je suis seule dans la vie. Je ne suis plus célibataire depuis longtemps, je n'en parle tout bonnement pas.
Merci pour votre franchise, Madame Strittmatter.
Êtes-vous chanceuse?
Oui.
Quand avez-vous été intimidée récemment par le vaste monde?
Je ne sais plus ... – ou si: j'ai circulé hier matin en train de l'aéroport au centre-ville de Zurich. Durant mon trajet, j'ai aperçu toute une série de nouvelles maisons avec de nombreux individus assis devant leur ordinateur à l'intérieur. J'ai eu l'impression de me retrouver un moment comme un «Blade Runner».
Car l'aspect de la ville a subi de si grands changements au cours des dernières années?
Aussi, mais bien plus encore parce que le peuple suisse se montre toujours hyper efficace.
La meilleure idée de votre vie jusqu'à présent?
Je l'ignore.
Et la plus stupide?
Aucune idée.
Éprouvez-vous fondamentalement de la sympathie pour les gens?
Beaucoup même.
Est-ce sexiste si un ouvrier du bâtiment siffle une femme?
Je ne trouve pas.
Les manières d’un autre temps sont-elles monnaie courante dans le monde du mannequinat?
Je me vois comme féministe, mais nous nous concentrons trop sur les détails dans le débat actuel de #MeToo à mon avis. C'est un fait: nous vivons dans un monde dominé par les hommes et il y a toujours de nombreuses femmes essayant de penser et vivre comme des hommes. Pour opérer un véritable changement, il faudrait toutefois une mutation bien plus radicale au sein de la société. Ce n'est pas possible que nous, les femmes, devons nous comporter comme des hommes pour avoir du succès.
Mais encore?
Nous devons, nous les femmes, écouter plus attentivement nos attributs féminins au lieu de nous montrer agressives envers les hommes. Nous ne sommes pas meilleures qu'eux, chacun des sexes a ses forces et ses faiblesses. Pendant mes études en écriture créative, j'ai également abordé des scénarios et j'ai pu constater que la structure de base de nombreux films est construite sur le modèle d'un orgasme masculin.
Il faut nous expliquer cela.
Un événement déclencheur, de la tension, l'explosion à son apogée, les histoires deviennent ensuite très vite banales. Nous ne fonctionnons pourtant pas ainsi en tant que femmes, notre rythme est différent.
La cohabitation entre femmes et hommes se détériore-t-elle ou s'améliore-t-elle en ce moment?
Aucune idée, mais j'espère bien que cette cohabitation s'améliore actuellement. Je trouve en effet que #MeToo est un bon et important débat dans la mesure où il a renforcé la prise de conscience de nombreuses femmes. Et je trouve en outre très important que des personnages comme Harvey Weinstein soient emprisonnés et qu'ils paient pour leurs actes.
Mis à part les compliments maladroits, avez-vous également été victime d'agressions durant les shootings, c'est-à-dire des situations dans lesquelles vous vous êtes dit: «Là, ça va trop loin»?
Très rarement.
Racontez-nous cela s'il vous plaît.
Il y a eu des photographes qui voulaient tout à coup que je mette de la lingerie durant le shooting. J'ai plutôt une bonne intuition lorsque de telles situations menacent de prendre une tournure étrange.
Qu'avez-vous fait ensuite?
J'ai interrompu le shooting, j'ai pris mes cliques et mes claques et je suis partie.
Les quotas féminins, pour ou contre?
Je suis en principe favorable à ce que la meilleure candidate ou le meilleur candidat ait le poste, mais je trouve en même temps important qu'au sein des entreprises, les fonctions dirigeantes ne soient pas uniquement occupées par des hommes.
La dépénalisation des drogues, oui ou non?
Pour le cannabis je suis d'accord car il peut être également destiné à des fins médicales.
Et concernant les drogues dures?
Non.
Il est de notoriété publique que la consommation de cocaïne et d'autres produits est assez répandue dans le monde de la mode.
Les drogues ne m'ont jamais intéressée, mais je ne pense pas que l'on consomme moins de cocaïne dans le secteur bancaire que dans celui de la mode.
Elle est assise là, inclinée. Et on sent que cette femme n'aime pas le bavardage inutile. Oui, c'est une femme encore plus intelligente et heureuse de vivre aussi qu'on ne le pensait.
Vous posez-vous parfois la question du sens de la vie?
En permanence.
Avez-vous trouvé une réponse?
Non.
Vous avez déclaré un jour avoir traversé une crise quand vous aviez 30 ans. Que s'est-il passé alors?
Je travaillais beaucoup trop à l'époque et j'avais trop peu de temps pour moi.
Quand avez-vous pleuré la dernière fois?
Je pleure pour un rien, peu importe qu'il s'agisse d'émotions positives ou négatives.
Avez-vous un tatouage?
Oui.
Voulez-vous nous en dire davantage ou le thème et la partie de votre corps où vous avez été tatouée sont un secret?
Ce n'est pas un secret, mais j'en ai un peu honte.
Pourquoi?
Parce que c'est une citation tirée d'un film de Woody Allen.
Qu'est-ce qui est sacré pour vous?
Les relations.
Votre juron préféré?
Pas de mot, mais un regard.
Quel livre trouve-t-on en ce moment sur votre table de chevet?
Divers ouvrages pour mes études et encore le livre «Psychoanalytikerin trifft Marina Abramović: Künstlerin trifft Jeannette Fischer» (la psychanalyste rencontre Marina Abramović: l'artiste rencontre Jeannette Fischer), mais je n'en ai lu que trois pages.
Quels livres ont considérablement influencé votre existence?
Puis-je vous envoyer une liste?
Où préférez-vous lire?
Devant la cheminée chez moi ou dans un café ... bon, je vais encore commander un café.
Moi aussi.
On dirait presque que vous avez pris des amphétamines avec toutes vos questions.
Et moi qui pensais que vous ne connaissiez rien aux drogues.
(Elle rit)
Vous écriviez auparavant régulièrement pour l'hebdomadaire «Weltwoche»: pourquoi y avez-vous désormais renoncé?
C'est vrai, je le faisais, mais je trouve l'orientation politique prise par le journal ces dernières années bien trop à droite. Ce serait bien de pouvoir continuer à écrire de temps à autre pour un journal ou une revue.
Au fait, qu'en est-il de votre carrière de réalisatrice?
Je suis en ce moment sur un projet qui m'occupe intensément. Je ne souhaite cependant pas m'étaler sur le sujet car je suis un peu superstitieuse pour de telles choses.
Vous avez en outre déclaré dans une interview sur SRF 3 qu'un projet de livre était déjà bien avancé.
C'est vrai. Pour qu'un livre puisse paraître, il faudrait vraiment écrire chaque jour, s'y consacrer, chose pour laquelle je n'ai malheureusement pas le temps actuellement.
Il y a pourtant un dossier appelé «Livre» dans votre ordinateur?
Effectivement, mais je ne souhaiterais plus en dire davantage, tout comme pour le projet de film.
Le serveur apporte les deux cappuccinos.
Et qu'en est-il de votre rêve de toujours, un «ranch de chevaux avec un jardin bio»?
Je ne suis pas certaine de pouvoir encore l'envisager. Un tel projet sans employés ne serait guère faisable.
Avez-vous peur de vieillir?
Non, plus je prends de l'âge, mieux je me sens. Il y a bien sûr des jours où je m'énerve à cause de l'apparition d'une nouvelle petite ride sur mon visage. Mais selon mon sentiment général, je suis plus heureuse aujourd'hui qu'à mes 20 ans. Je sais bien mieux aujourd'hui ce que je veux et ce que je ne veux pas. Je perds de moins en moins de temps aujourd'hui avec des choses qui ne m'intéressent pas.
De quoi ne voulez-vous plus?
Entretenir des relations dépourvues de sens.
Quel âge souhaitez-vous atteindre?
J'aimerais énormément devenir très vieille.
Pour conclure, voici encore notre fameux test de talent: vous évaluez s’il vous plaît votre talent, chère Madame Strittmatter, en attribuant les points ainsi: de 0 point – aucun talent à 10 points – incroyable talent: bonne ou mauvaise perdante?
Un point, je suis mauvaise perdante.
Comme Suissesse de l'année?
Un ... non, zéro point. Je n'aurais pas trop d'intérêt pour ce travail.
Vous n'aimez pas la Suisse?
Si, si, c'est un super pays, mais je ne souhaiterais pas être sacrée «Suissesse de l'année».
En tant qu'actrice?
Un point.
Mais en tant que modèle, ne serait-ce pas un atout que d'avoir certains talents de comédienne?
Je devrais y songer, pourtant je n'en ai aucun. Je connais beaucoup d'autres modèles bien plus talentueuses que moi dans ce domaine.
Pourquoi avez-vous quand même connu autant de succès comme mannequin au cours des 20 dernières?
Mon talent de comédienne n'y est en tout cas pour rien. Il s'agit d'autre chose.
Et de quoi?
C'est probablement dû à mon apparence, aux nombreuses et bonnes relations que j'ai pu nouer durant toutes ces dernières années et peut-être aussi au fait, comment vous expliquer… que j'ai vieilli sans subir les marques du temps jusqu'ici.
À combien évalueriez-vous votre talent comme politicienne?
Cinq points. Je m'intéresse beaucoup à la politique et je pense être une bonne oratrice, je pourrais facilement aborder les sujets à traiter.
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